Dans un pas historique vers l’équité éducative, le ministère de l’Éducation nationale en République Démocratique du Congo vient d’adopter une circulaire autorisant les filles enceintes à poursuivre leur scolarité. Une décision saluée comme une victoire contre « l’injustice sociale » par la Coalition nationale de l’éducation pour tous (CONAPT RDC). Combien de talents féminins ont été sacrifiés sur l’autel des préjugés ?
Jacques Tshimbalanga, coordonnateur de la CONAPT, souligne avec force : « Notre pays a perdu trop de filles, trop de femmes de valeur, simplement parce qu’à un moment donné de leur parcours, elles sont tombées enceintes ». Cette mesure corrige une exclusion systématique qui privait des millières d’adolescentes de leur droit fondamental à l’éducation. La scolarisation des filles enceintes devient désormais possible dans toutes les institutions publiques.
Mais qu’en est-il des établissements non conventionnés ? La CONAPT reconnaît que certaines écoles appliquaient déjà cette tolérance, mais rappelle que la morale ne peut primer sur la loi. « Une élève enceinte doit être considérée comme une victime. Les circonstances de sa grossesse sont souvent méconnues », insiste Tshimbalanga. Cette circulaire de l’éducation nationale transforme ainsi un principe d’humanité en obligation institutionnelle.
L’argument central repose sur l’équité éducative au Congo : comment justifier qu’un garçon père précoce puisse continuer ses études tandis qu’une fille serait exclue définitivement ? La circulaire établit enfin une égalité de traitement, reconnaissant que la grossesse n’annihile ni les capacités intellectuelles ni le droit à l’instruction. Cette avancée sociétale interroge cependant sur l’accompagnement prévu : quels dispositifs de soutien psychologique et pédagogique seront mis en place ?
Pour la CONAPT, cette réforme va bien au-delà d’une simple instruction administrative. Elle représente un acte de « justice sociale » réparant des décennies de discrimination. Le coordonnateur lance un appel vibrant : « Il revient à toute personne sensée de saluer et soutenir cette décision ». Reste maintenant à veiller à son application effective sur tout le territoire congolais, particulièrement dans les zones rurales où les résistances culturelles persistent.
Cette circulaire ouvre une ère nouvelle pour les droits des jeunes Congolaises, mais elle ne doit pas occulter l’urgence des programmes de prévention. Car si permettre la scolarisation des filles enceintes est nécessaire, éviter les grossesses précoces demeure un impératif éducatif tout aussi crucial pour l’avenir de la RDC.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net