Dans les collines du groupement Waloa Yungu, au cœur du territoire de Walikale, un silence numérique angoissant s’est abattu. Depuis un mois, les appels téléphoniques se transforment en parcours du combattant, les SMS mettent jusqu’à 48 heures pour franchir quelques kilomètres, et les transactions financières vitales sont bloquées. « Pour envoyer un SMS ou passer un appel, c’est la croix et la bannière. Le réseau est constamment perturbé ici », témoigne un habitant de Mikweti, la voix empreinte de frustration.
La source du problème ? L’antenne Vodacom de Buhimba, unique point de connexion dans cette région reculée du Nord-Kivu, est victime d’une saturation réseau critique. Cette infrastructure, submergée par le nombre croissant d’abonnés, ne parvient plus à absorber la demande. Les conséquences sont immédiates : des coupures intempestives plongent régulièrement la zone dans un isolement numérique. Comment une région entière peut-elle ainsi se retrouver coupée du monde en 2024 ?
L’impact économique est dévastateur. Les services de mobile money RDC bloqué, véritable cordon ombilical financier pour des populations souvent éloignées des banques, sont devenus inaccessibles. « Pour effectuer une simple transaction, nous devons parcourir des kilomètres jusqu’à Ntoto dans le groupement voisin », explique une commerçante croisée sur le chemin poussiéreux. Cette paralysie des échanges monétaires aggrave une précarité déjà palpable, transformant chaque opération financière en expédition périlleuse.
Mais c’est sur le front sécuritaire que la situation devient critique. Walikale, zone historiquement sensible où persistent des tensions, voit cette perturbation téléphonie Walikale créer un dangereux vide informationnel. « Nous vivons dans la peur constante d’être surpris par des affrontements », confie Bwira Bisika, secrétaire administratif du groupement. « Les alertes des lignes de front nous parviennent avec des retards catastrophiques. » Cette insécurité communications Nord-Kivu expose des milliers de civils à un risque accru dans une région où la rapidité d’information peut faire la différence entre la vie et la mort.
Face à cette urgence, la communauté lance un appel désespéré aux responsables de Vodacom. L’antenne Buhimba saturée doit être renforcée d’urgence pour répondre aux besoins croissants. « Nous sommes otages de cette technologie défaillante », déplore un ancien du village. La situation révèle un paradoxe criant : dans des régions où la téléphonie mobile représente souvent l’unique lien avec le monde extérieur, son dysfonctionnement crée des îlots de vulnérabilité. Combien de temps faudra-t-il attendre avant que cette crise des communications ne se transforme en tragédie humaine ?
Au-delà des simples désagréments techniques, cette saturation réseau Vodacom pose une question fondamentale sur l’accès aux services essentiels dans les zones reculées de la RDC. Comment prétendre assurer la sécurité des populations quand on les prive de leur moyen d’alerte principal ? Comment développer l’économie locale quand les transactions financières sont entravées ? À Waloa Yungu, comme dans tant d’autres régions oubliées, le droit à la communication se révèle être un enjeu de dignité humaine et de survie quotidienne.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd