Le vrombissement incessant des moteurs, les slaloms périlleux entre les voitures, les accrochages quotidiens… À Kinshasa, le chaos des wewas est devenu le cauchemar des usagers. « Chaque matin, c'est la course contre la montre et contre les accidents », soupire un habitant de la commune de Limete, évoquant ces motocyclistes qui sillonnent la capitale. Face à cette situation explosive, l'Hôtel de ville a décidé de passer à l'offensive.
Mardi 15 juillet, le gouverneur Daniel Bumba a présidé une réunion cruciale rassemblant ministres provinciaux des Transports et de l'Intérieur, commissaire de police, experts et responsables urbains. L'urgence ? Une réorganisation transport wewas radicale pour dompter ce secteur anarchique. « La ville fait face à de sérieux problèmes avec les engins cyclomoteurs. Nous devons l'assainir », a martelé Bob Amisso, ministre provincial des Transports, justifiant cette convocation exceptionnelle.
Derrière les portes closes, un constat sans concession a été dressé. Les embouteillages motocyclistes Kinshasa paralysent l'économie et usent les nerfs des Kinois. Pire, l'insécurité routière fait des ravages : selon des sources hospitalières, près de 40% des accidents corporels impliquent des wewas. Comment accepter que des vies soient sacrifiées sur l'autel de la précipitation ? La sécurité routière RDC exige des mesures immédiates.
Le plan envisagé repose sur trois piliers. D'abord, un encadrement strict des itinéraires et des horaires pour désengorger les artères stratégiques. Ensuite, la professionnalisation des conducteurs via des formations obligatoires et un contrôle technique régulier des motos. Enfin, une refonte complète des taxes motos Kinshasa pour transformer ce secteur informel en poumon fiscal. Car l'enjeu économique est colossal : avec des milliers de wewas en circulation, la régulation wewas pourrait injecter des milliards de francs congolais dans les caisses de la ville.
Mais cette ambition se heurte à des réalités sociales brutales. Pour des milliers de jeunes Kinois, le wewa reste le seul gagne-pain accessible. « Si on nous impose trop de contraintes, comment nourrir nos familles ? », s'interroge un motard rencontré près du marché de la Liberté. La quadrature du cercle : concilier ordre public et survie économique. Le gouvernement provincial promet des mesures d'accompagnement, mais les détails restent flous.
Cette bataille pour la maîtrise des rues dépasse largement la simple circulation. Elle touche à l'aménagement urbain, à la justice sociale et au contrat civique dans une mégalopole en suffocation. Les décisions qui suivront cette réunion révèleront si Kinshasa peut enfin offrir à ses habitants un cadre de vie digne – où mobilité rimerait avec sécurité plutôt qu'avec course contre la mort.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net