La situation humanitaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo atteint un seuil critique. Selon le dernier rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), les territoires de Masisi et Walikale subissent une recrudescence d’affrontements entre groupes armés. Cette flambée de violence, documentée entre le 1er et le 30 juin 2025, entraîne des conséquences dramatiques pour les civils pris au piège de ce conflit Masisi.
Des combats intenses ont paralysé l’axe stratégique Masisi Centre-Nyabiondo. Le trafic routier a été coupé, isolant la zone de santé de Masisi. Plus grave encore, l’attaque du 29 juin contre Nyabiondo a causé la mort d’un civil et blessé grièvement deux autres. Comment expliquer cette accélération de la violence dans une région déjà exsangue ?
Le groupement Nyamaboko I a été le théâtre d’affrontements dévastateurs entre le 15 et 16 juin. Plus de 1 200 personnes ont fui vers le territoire de Walikale, cherchant refuge dans les villages de Kalambayiro et Buhimba. La semaine suivante, les combats se sont propagés comme une traînée de poudre à Kinyaongo, Kinyumba, Muhanga et Nyabiondo. Cette expansion rapide des hostilités a contraint les organisations humanitaires à suspendre leurs opérations sur un axe vital.
À Walikale, le tableau n’est guère plus rassurant. Des affrontements ont éclaté le 10 juin à Mulema, entraînant l’incendie d’habitations et le vandalisme systématique d’infrastructures médicales. Des centaines de familles ont été déplacées dans la précipitation, abandonnant leurs biens. Le 25 juin, une distribution alimentaire cruciale à Kashebere a été brutalement interrompue par de nouveaux combats. Résultat : 1 721 ménages privés de kits de survie essentiels, une illustration criante de la crise humanitaire au Kivu.
Cette escalade s’inscrit dans un contexte régional explosif. Depuis janvier 2025, l’offensive du groupe M23 au Nord et Sud-Kivu a jeté sur les routes des centaines de milliers de déplacés. Goma, capitale provinciale saturée, accueille déjà 700 000 personnes déracinées. Les routes fermées et l’insécurité chronique asphyxient l’aide internationale tandis que les blessés s’entassent dans des structures médicales dépassées.
Ironie du sort, ces violences surviennent alors que délégations gouvernementales et représentants du M23 négocient à Doha sous médiation qatarienne. Le rapport OCHA RDC souligne amèrement ce contraste : pendant que des pourparlers de paix se tiennent à des milliers de kilomètres, les civils congolais paient le prix fort des affrontements groupes armés. La fragile accalmie observée à Kashuga-Kalembe a volé en éclats fin juin, prouvant l’instabilité permanente de la région.
Les chiffres globaux de nouveaux déplacements restent impossibles à établir, signe de la désorganisation causée par ces conflits à répétition. Une certitude s’impose : sans solution politique urgente et sécurisation effective, la tragédie humanitaire au Nord-Kivu risque de franchir un point de non-retour. Les déplacés survivent aujourd’hui dans des conditions inhumaines, otages d’une guerre qui les dépasse.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd