Alors que le TENASOPS se profile dans moins de 48 heures et que l’Examen d’État 2025 approche à grands pas, une contradiction troublante secoue le système éducatif de l’Ituri. Le gouvernement avait pourtant annoncé une mesure salvatrice : l’exonération totale des frais de participation aux examens nationaux pour les élèves finalistes de cette province ravagée par les conflits armés. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. Comment expliquer que des établissements scolaires continuent d’exiger des paiements, contraignant même des élèves à quitter les bancs de l’école ?
Dans les territoires de Djugu, Irumu et Mambasa, épicentres des violences, la détresse des familles atteint son comble. « Nous avons cru à la promesse du gouvernement, mais aujourd’hui, on nous barre l’accès aux salles de classe si nous ne payons pas », témoigne un parent de Bunia, sous couvert d’anonymat. Les autorités scolaires semblent faire la sourde oreille à la décision officielle, créant un véritable conflit éducatif Ituri où les plus vulnérables paient le prix fort.
L’Association Nationale des Parents d’Élèves et Étudiants du Congo (ANAPECO Ituri) monte au créneau, dénonçant un « sabotage inacceptable » de l’avenir des jeunes. Son président local s’interroge : « Comment préparer sereinement le TENASOPS RDC quand les fonds promis ne sont toujours pas débloqués ? Le gouvernement joue-t-il avec l’avenir de toute une génération ? » Cette interrogation résonne avec force à l’approche des échéances cruciales.
Certains députés provinciaux, comme Antoine Mopepe d’Aru, relaient l’urgence : « Les enseignants des sessions précédentes ne sont même pas payés, alors imaginez le désarroi actuel. Nous lançons un cri d’alarme : sans décaissement immédiat, l’exonération frais examens Ituri restera un vain mot et compromettra l’Examen d’État 2025 ». Une mise en garde qui prend tout son sens quand on sait que les épreuves du TENASOPS démarrent cette semaine.
Le cercle vicieux s’étend : des parents ayant déjà déboursé menacent désormais de réclamer remboursement aux chefs d’établissement, tandis que les résultats des élèves du primaire stagnent dans les tiroirs administratifs. Cette paralysie systémique illustre un paradoxe cruel : dans une région où l’éducation devrait être un refuge contre la violence, elle devient source d’exclusion supplémentaire.
Face à cette crise multidimensionnelle, plusieurs questions demeurent sans réponse. Quand les fonds d’exonération seront-ils effectivement transférés aux écoles ? Comment garantir que tous les élèves pourront passer leurs examens sans discrimination financière ? Et surtout, quelle confiance accorder aux futures promesses étatiques en matière d’éducation ?
L’enjeu dépasse la simple organisation d’épreuves scolaires. Il touche à la crédibilité des institutions et au droit fondamental à l’éducation dans une zone post-conflit. Si des solutions concrètes n’interviennent pas dans les prochaines 72 heures, c’est toute une cohorte d’élèves qui risque de voir ses rêves d’avenir s’envoler. L’heure n’est plus aux déclarations d’intention, mais à l’action réparatrice.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net