Dans une révélation qui éclaire d’un jour cru les mécanismes d’acquisition des ressources minières en République démocratique du Congo, l’homme d’affaires israélien Dan Gertter a reconnu lors d’une procédure arbitrale avoir effectué d’importants paiements à Augustin Katumba Mwanke, l’éminence grise du régime Kabila. Cette confession, consignée dans une décision d’arbitrage obtenue par la PPLAAF et consultée par Bloomberg, dévoile les rouages financiers ayant permis à Gertler de bâtir son empire minier dans un pays paradoxalement rongé par la pauvreté.
Le tribunal arbitral israélien a mis en lumière des déclarations sans précédent : « Beaucoup d’argent a été payé à Katumba », aurait affirmé Gertler, ajoutant avec une franchise déconcertante que « la moitié [de ses actifs] était à lui ». Ces Katumba Mwanke paiements, parfois matérialisés par des cessions de parts dans des permis d’or, de fer et de cuivre évalués à 120 millions de dollars, s’effectuaient selon des montages opaques. « Soit une société pour moi, et une société pour Katumba », a-t-il expliqué, révélant un système où les actifs du conseiller présidentiel restaient sous sa garde jusqu’à transfert.
Quel mécanisme justifiait ces flux financiers ? Gertler invoque des « investissements communautaires » – écoles et hôpitaux – tout en concédant ignorer l’identité des partenaires congolais de Katumba. « La relation était basée sur la confiance, sur de gros paiements », a-t-il souligné, laissant planer l’ombre d’une rémunération de services rendus. Ses avocats tentent aujourd’hui de minimiser la portée de ces aveux, arguant que la part allouée à Katumba oscillait en réalité autour de 15%.
Cette arbitrage minier RDC révèle également un prêt « en espèces » au gouvernement congolais, directement remis à la Banque centrale. Un geste présenté comme un soutien à la MIBA, mais qui interroge sur les canaux officiels de financement étatique. Le tribunal, après examen de 10 000 pages de documents, a condamné Gertler à verser 85 millions de dollars aux frères Gertner, tout en précisant qu’aucune preuve formelle de corruption n’avait émergé. Une réserve juridique qui contraste avec l’accumulation de témoignages accablants.
La figure d’Augustin Katumba Mwanke, décédé en 2012, ressurgit comme l’architecte incontesté du système économique kabiliste. Ces révélations ravivent les critiques sur les concessions minières opaques ayant permis à Gertler de se proclamer « roi en RDC jusqu’à ce jour ». Le porte-parole de Joseph Kabila dément toute implication de l’ancien président, mais le duo Gertler Kabila demeure dans l’imaginaire collectif le symbole d’une prédation institutionnalisée.
Ces aveux, dans le cadre d’un litige commercial, posent une question lancinante : l’Dan Gertler corruption présumée pourra-t-elle un jour faire l’objet d’une instruction pénale à la mesure des préjudices subis par le peuple congolais ? Alors que le pays regorge de minerais stratégiques, ce dossier rappelle cruellement que la transparence demeure le chaînon manquant entre les richesses du sous-sol et le développement d’une nation. L’héritage de ces pratiques opaques continue d’hypothéquer l’avenir minier de la RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
