Le Conseil National de Suivi de l’Accord et du Processus Électoral (CNSA), sous l’égide de Joseph Olenghankoy Mukundji, a tenu ce mardi 15 juillet 2025 une session ordinaire centrée sur l’épineuse évaluation du processus de paix. Dans le sanctuaire feutré de son siège kinois de la Gombe, l’institution a déployé un discours oscillant entre satisfaction protocolaire et avertissements sévères sur l’avenir de la souveraineté congolaise.
Si le CNSA salue la reprise des pourparlers de Doha entre le Gouvernement et l’AFC/M23, il émet des réserves d’une portée stratégique. L’appel à « privilégier l’intérêt supérieur de la Nation » cache mal une inquiétude latente : la délégation des conflits internes à des arènes étrangères ne constitue-t-elle pas une capitulation préalable de l’autodétermination ? Le communiqué officiel frappe juste en soulignant que « l’exposition de nos divergences aux États étrangers, non intéressés par notre sort, fragilise la confiance en nous-mêmes ».
Cette critique voilée des négociations qataries s’accompagne d’une condamnation sans ambages des violences physiques contre les acteurs socio-politiques et religieux. Le CNSA pointe un mal plus profond : la persistance du tribalisme, du régionalisme et des discours de haine qui rongent le tissu national. Dans un contexte où les armes continuent de parler dans l’Est, l’institution somme les détenteurs d’autorité publique d’incarner la modération. Comment prétendre réunifier le pays par le Processus de paix Congo quand les élites cultivent les divisions ?
La solution, martèle le Conseil, réside dans la tenue urgente d’un Dialogue national inclusif. Cette proposition récurrente prend aujourd’hui des allures de manifeste politique : « La solution devrait commencer par un dialogue entre Congolais ». Le sous-texte est limpide : les médiations extérieures, si elles apaisent temporairement les conflits, institutionnalisent une dangereuse dépendance. Le communiqué enfonce le clou avec une métaphore cinglante : cette dynamique risque d’aboutir à « une forme de colonisation économique et politique » doublée d’une « aliénation mentale collective ».
L’analyse du CNSA touche ici à la quadrature du cercle congolais : peut-on bâtir une paix durable par des Accords électoraux RDC conçus sous parrainage étranger, tout en préservant l’indépendance décisionnelle ? La réponse de l’institution fuse, implacable : la souveraineté exige d’abord que les Congolais « apprennent à dialoguer » et à « se faire mutuellement confiance ». Ne sommes-nous pas témoins d’un paradoxe tragique où l’on cherche la paix à Doha tout en sabotant les ponts de Kinshasa ?
Cette session révèle une évolution notable dans le positionnement du CNSA. D’observateur technique des processus électoraux, il endosse désormais le rôle de gardien critique de la souveraineté. Son plaidoyer pour un règlement endogène des conflits sonne comme un désaveu des solutions importées. Reste à savoir si cet appel à l’autonomie politique trouvera écho auprès des parties prenantes, souvent plus sensibles aux pressions internationales qu’aux injonctions patriotiques. L’avenir du Dialogue national inclusif se pose en test décisif : saurons-nous transcender nos fractures sans recours aux chaperons étrangers ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net