Un calme tendu règne depuis ce mercredi dans le groupement de Binza, territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. Cette accalmie survient après plusieurs jours de violents combats ayant opposé les rebelles de l’AFC/M23 à divers groupes armés locaux. Les affrontements se sont concentrés le long de l’axe stratégique Kiwanja–Nyamilima–Ishasha, plongeant la région dans un chaos meurtrier.
Selon des témoins locaux, les derniers combats ont atteint leur paroxysme mardi dans les localités de Nyabanira et Kasave. Ces combats rutshuru ont contraint les populations à se terrer ou fuir précipitamment. Toute activité socio-économique a été paralysée, transformant les marchés habituellement animés en zones fantômes. La crise humanitaire rutshuru s’est brutalement intensifiée, privant les civils d’accès aux services essentiels.
Les affrontements kiwanja se sont propagés jusqu’aux abords ouest du Parc National des Virunga. Des tirs croisés ont retenti le long de l’axe Katwituru–Kisharo–Nyamilima, zone écologique sensible désormais transformée en champ de bataille. Des sources sécuritaires rapportent que des obus sont tombés à proximité des habitats des espèces protégées, ajoutant une dimension environnementale au conflit nord-kivu.
Le bilan humain exact reste difficile à établir en raison de l’insécurité persistante. Plusieurs dizaines de morts sont toutefois évoquées par des relais communautaires, incluant de nombreux civils pris au piège des échanges de tirs. L’accès des humanitaires reste extrêmement limité dans les zones de combats rutshuru les plus critiques, retardant l’identification précise des victimes et l’acheminement de l’aide.
Les déplacés survivants décrivent des scènes d’horreur. “Nous courions sous une pluie de balles”, témoigne une mère de famille rencontrée près de Kiwanja. Des centres de santé improvisés peinent à faire face aux flux de blessés, manquant cruellement de matériel médical et de personnel. Cette m23 binza a-t-elle atteint son objectif stratégique au prix d’un bain de sang civil ? La question demeure sans réponse officielle.
Face à l’urgence, les organisations humanitaires lancent un appel pressant. Des milliers de familles déplacées manquent d’eau potable, de nourriture et d’abris décents. L’acheminement des secours est entravé par l’imprévisibilité des affrontements kiwanja et l’état dégradé des routes. Les autorités provinciales promettent une réaction coordonnée, mais sur le terrain, les populations dénoncent l’absence palpable de protection étatique.
La situation à Binza illustre l’engrenage infernal du conflit nord-kivu. Chaque accalmie n’est que le prélude à de nouvelles violences. Combien de trêves éphémères faudra-t-il encore déplorer avant une solution durable ? Les civils, premières victimes de cette guerre sans fin, attendent des actes concrets. Leur survie immédiate dépend désormais de la rapidité de l’intervention humanitaire et de la pression internationale sur les belligérants.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net