Dans une confession explosive diffusée lors de l’émission « Parcours », Adolphe Lumanu, ancien pilier de l’appareil sécuritaire sous Joseph Kabila, a levé le voile sur les dérives stratégiques ayant miné la gestion des conflits dans l’Est congolais. Le professeur, dont les propos créent un séisme politique, affirme avoir été « mal utilisé » par des autorités servant des intérêts obscurs, particulièrement durant les crises du CNDP et du M23.
« Personnellement, avec tout ce qu’on a géré, je vois encore la gestion des CNDP, les M23… je vois des choses auxquelles je ne m’attendais pas », a-t-il déclaré au journaliste Thierry Kambundi, dans un rare moment de lucidité autocritique. Ce constat d’échec, venant d’un architecte de la sécurité sous Kabila, jette une lumière crue sur les contradictions d’un régime accusé d’entretenir l’instabilité à des fins politiques.
Lumanu franchit un tabou en pointant la dichotomie entre les exécutants de terrain et les décideurs occultes : « On a parfois servi des causes. Pas des causes perdues. Puisque vous êtes au front, mais vous n’êtes pas associés à tout ». Et l’ancien directeur de cabinet de lâcher cette formule assassine : « On a été utilisé, mal utilisé ». Un aveu qui résonne comme un désaveu cinglant pour l’ancien président, aujourd’hui soupçonné de soutenir la rébellion M23-AFC.
Le nœud du drame, selon Lumanu, réside dans l’héritage toxique laissé par cette gestion chaotique : « Si notre travail a contribué à planter le décor de l’expansion territoriale ou de la balkanisation du pays, là, je le regrette ». Ces mots confirment indirectement les analyses sur les collusions entre certains cercles du pouvoir kabiliste et les forces déstabilisatrices rwandaises. Faut-il y voir l’explication des échecs répétés des opérations militaires ?
L’ancien collaborateur reconnaît d’ailleurs la légitimité des critiques envers son ex-chef : « Si vous étiez Chef, on vous critique d’être à la tête d’une cause que vous avez combattue ». Un constat implacable qui valide les accusations sur la responsabilité historique de Kabila dans l’enlisement sécuritaire. Pourtant, dans un surprenant exercice de dissociation, Lumanu refuse de renier son engagement : « J’ai travaillé pour la République, pas pour lui ». Une distinction subtile qui n’efface pas les zones d’ombre.
Ces révélations interviennent alors que la région des Kivus connaît une recrudescence des combats avec le M23. En reconnaissant que les « acteurs invisibles » et « infiltrés » n’étaient pas identifiés à l’époque, Lumanu donne involontairement raison au président Tshisekedi qui a fait de la transparence sur ces réseaux un cheval de bataille. Reste une question brûlante : ces aveux annoncent-ils d’autres défections dans l’ancien régime ? La machine à règlements de comptes semble enclenchée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
