Dans un contexte de tension sociale au sein du système de santé congolais, le Syndicat autonome des biologistes médicaux (SYNABIOM) prend une position inattendue. Alors que plusieurs syndicats lancent un mouvement de grève générale, le SYNABIOM a publiquement déclaré son refus de s’y associer, lors d’une annonce faite à Kinshasa ce lundi 14 juillet. Cette décision stratégique vise à préserver la continuité des services essentiels dans les laboratoires hospitaliers et banques de sang à travers toute la République démocratique du Congo.
Le président du SYNABIOM, Bicko Makubikua, a justifié cette rupture solennelle avec les autres corps de la santé par une raison vitale : la recrudescence alarmante d’épidémies comme le choléra et le Mpox. “Comment pourrions-nous abandonner les populations face à ces menaces invisibles ?”, interroge-t-il rhétoriquement. Les biologistes médicaux, véritables sentinelles sanitaires, restent en première ligne pour détecter et contrer ces fléaux grâce à leurs analyses cruciales. Leur absence paralyserait la chaîne de diagnostic, comparable à un navire privé de son radar en pleine tempête.
Le syndicat précise que sa non-participation à la grève santé découle d’une exclusion initiale : “Nous ne sommes ni signataires des accords ayant motivé ce mouvement, ni associés à sa décision”. Cette prise de distance soulève une question fondamentale sur la fragmentation des négociations dans le secteur médical congolais. Plutôt que de rejoindre la protestation collective, le SYNABIOM opte pour une voie diplomatique exigeante. Un cahier de charges détaillé sera prochainement soumis au Gouvernement, élaboré selon le principe de réduction des écarts salariaux et structurels.
Parmi les revendications phares figurent les indemnités de transport et de logement, qualifiées de “droits sociaux essentiels” par Makubikua. Ces compensations financières représentent un enjeu concret pour les biologistes médicaux RDC confrontés à l’inflation galopante et aux difficultés de mobilité. Imaginez un technicien devant parcourir 20 km quotidiennement avec des échantillons biologiques critiques, sans compensation : c’est la sécurité diagnostique qui s’érode. La mise en place de ces indemnités pourrait stabiliser une profession exsangue, freinant l’exode des compétences vers d’autres pays.
Cette crise révèle un paradoxe saisissant : alors que le pays affronte des épidémies choléra Mpox dévastatrices, ceux qui les combattent doivent négocier leur survie économique. Le SYNABIOM, en maintenant ses équipes opérationnelles, assume une responsabilité éthique mais alerte sur l’urgence sociale. Leur cahier de charges gouvernement constitue désormais une feuille de route incontournable. Si les biologistes médicaux sont prêts à renoncer à la grève aujourd’hui pour protéger la population, leur mobilisation future dépendra de la réponse concrète apportée à leurs revendications légitimes.
Cette position courageuse appelle à une réflexion plus large : jusqu’où peut-on pousser le dévouement des acteurs de santé sans garanties sociales ? La résolution durable des conflits passera par un dialogue sectoriel inclusif et une valorisation tangible des métiers techniques. Les autorités sanitaires doivent saisir cette main tendue pour bâtir, avec les biologistes, un système résilient capable de faire face aux prochaines crises épidémiques inévitables.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net