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Sud-Kivu : 4 mois sans salaire, les agents SNCC crient détresse sous occupation M23

Le visage creusé par l’angoisse, Pascal*, contrôleur à la SNCC de Bukavu, montre son dernier reçu de salaire daté de janvier. « Comment nourrir ma famille avec cinq enfants quand ton employeur t’oublie depuis quatre mois ? » lance-t-il, la voix nouée. Comme lui, plus d’une centaine d’agents de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) des antennes de Goma et Bukavu survivent dans un dénuement croissant, pris en étau entre des salaires impayés et l’occupation du M23 qui paralyse l’économie du Sud-Kivu.

Dans une déclaration poignante rendue publique ce lundi, leurs représentants syndicaux ont tiré la sonnette d’alarme : aucun versement n’a été effectué depuis février. Ces cheminots, pourtant fonctionnaires de l’État, ont épuisé toutes les démarches internes. « Nous sommes allés dix fois à la direction régionale. La réponse est toujours la même : ‘Les fonds ne sont pas arrivés de Kinshasa’ », témoigne Jeanne*, agente d’exploitation. Une litanie d’excuses qui cacherait-elle une gestion catastrophique ou l’effet domino de la crise sécuritaire ?

La situation révèle une crise sociale profonde où la détresse financière à Bukavu et Goma atteint des seuils critiques. Avec l’inflation galopante, un sac de farine de maïs frôle les 50 000 FC (20$), soit le tiers d’un salaire mensuel moyen. « Hier encore, l’école a renvoyé mon fils parce que je ne paie plus les frais scolaires », confie un autre agent sous couvert d’anonymat. Comment ces pères et mères de famille peuvent-ils assumer leurs obligations quand leur dignité professionnelle est piétinée ?

L’occupation d’une partie du territoire par le M23 aggrave dramatiquement leur précarité. Les axes routiers coupés et l’insécurité permanente ont fait flamber les prix des denrées de base. Pire : certains agents basés près de Goma doivent payer des « taxes de circulation » aux groupes armés pour simplement rejoindre leur poste. Une double peine insupportable pour ces cheminots qui maintiennent coûte que coûte le peu d’activités ferroviaires encore opérationnelles.

Face à ce cri du cœur, la direction générale de la SNCC reste murée dans un silence assourdissant. Contactée par Radio Okapi, elle n’a fourni aucune explication sur ces salaires impayés, renvoyant ainsi des centaines de familles à leur fatalité. Cette omerta interroge : l’entreprise publique a-t-elle les moyens de ses missions ou sacrifie-t-elle ses employés sur l’autel des dysfonctionnements institutionnels ?

En interpellant directement le Président de la République, les agents espèrent briser l’indifférence. Leur calvaire dépasse la simple question salariale : il symbolise l’abandon des territoires en crise. Quand des serviteurs de l’État ne peuvent plus subvenir à leurs besoins élémentaires, n’est-ce pas le contrat social tout entier qui se fissure ? Dans l’Est de la RDC, la précarité des cheminots de la SNCC sonne comme un avertissement : sans justice sociale, aucune paix durable ne pourra s’installer.

*Les prénoms ont été modifiés pour protéger les sources

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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