Dans un contexte où l’Est de la République démocratique du Congo continue de brûler sous les cendres des conflits armés, la rencontre entre la Première ministre Judith Suminwa et le Panel des facilitatrices africaines ce lundi 14 juillet dessine-t-elle enfin une lueur d’espoir ? Cette entreprise de médiation, conduite par l’ancienne présidente éthiopienne Sahle-Work Zewde et son homologue centrafricaine Catherine Samba Panza, se présente comme un nouvel épisode dans le long feuilleton des initiatives de paix. Les échanges ont porté sur l’épineuse question de l’avancement des négociations visant à éteindre l’incendie dans les provinces orientales, selon le communiqué officiel de la Primature.
« Il était impératif d’écouter les autorités congolaises sur leur vision des processus de paix passés et actuels », a souligné Catherine Samba Panza, dévoilant la feuille de route de cette mission mandatée par l’Union africaine. Cette démarche, qui prévoit également des consultations avec les acteurs clés de la crise et les populations locales, vise à consolider ce fragile édifice de paix. Une gageure lorsque l’on connaît la complexité du dossier, où se mêlent intérêts transfrontaliers, exploitation illicite des ressources et méfiance historique.
Au cœur des discussions : l’accord de paix signé à Washington le 27 juin dernier, qualifié par les médiatrices de « pièce maîtresse » dans l’échiquier diplomatique. Cet épisode marque-t-il un tournant décisif ou simplement un énième document voué à rejoindre les archives des tentatives avortées ? Les facilitatrices y voient pour leur part une « étape importante » ayant jeté les bases d’une résolution durable. « La signature de cet accord permet d’enclencher un véritable processus de paix », a insisté Catherine Samba Panza, avant d’ajouter : « Nous exhortons la population à s’approprier cet instrument qui ouvre la voie vers la stabilité ».
Cette insistance sur l’adhésion populaire révèle toute la fragilité de l’édifice. Judith Suminwa, en première ligne de ce processus de paix Est Congo, saura-t-elle transformer cet élan diplomatique en réalité tangible pour les millions de Congolais pris en étau entre les groupes armés ? Le défi est de taille tant les précédents accords se sont heurtés à l’écueil de la mise en œuvre. La médiation africaine RDC joue ici son crédit, alors que les observateurs notent avec ironie la répétition des schémas : des signatures solennelles suivies d’un enlisement progressif.
L’accord Washington RDC constitue désormais la pierre angulaire sur laquelle l’Union africaine entend bâtir sa stratégie. Mais sa réussite dépendra de la capacité des parties à dépasser les postures symboliques. Les prochaines semaines seront déterminantes : le panel s’apprête à rencontrer les représentants des groupes armés, véritable test de crédibilité pour cette initiative. Si Judith Suminwa peut se prévaloir d’un soutien continental renouvelé, la route vers la pacification reste semée d’embûches. Le gouvernement parviendra-t-il à éviter les écueils qui ont scellé le sort des précédentes médiations ? La réponse se jouera moins dans les salons feutrés de Kinshasa que dans les collines du Nord-Kivu.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net