Dans une région où la terre fertile contraste avec les défis de subsistance, le Programme d’appui au développement rural inclusif et résilient (PADRID) ouvre un nouveau chapitre agricole au Kasaï-Oriental. À Lupatapa, plus de 3000 organisations paysannes et ménages locaux bénéficieront désormais d’un encadrement structuré orchestré par le Centre féminin de formation et d’information pour le développement (CEFIDE). Un investissement stratégique qui pourrait transformer l’économie rurale congolaise.
L’initiative, lancée ce samedi 12 juillet à Kabala, cible un maillon essentiel du développement : la formalisation juridique des acteurs agricoles. Selon Gertrude Ndaya, coordonnatrice du CEFIDE, “nombre d’organisations opérationnelles manquent encore de reconnaissance légale, les privant d’accès aux financements”. Un paradoxe dans un pays où l’agriculture représente pourtant 20% du PIB national. Le projet entend donc combler ce fossé administratif, condition sine qua non pour débloquer les capitaux nécessaires à la modernisation des exploitations.
Trois phases rythmeront cette métamorphose agricole. Première étape : la structuration légale des entités informelles et l’organisation des producteurs isolés. Vient ensuite l’accompagnement technique concret – distribution de semences sélectionnées et conseils agronomiques adaptés au terroir local. Enfin, le programme déploiera la chaîne de valeur complète : transformation des récoltes, solutions de stockage innovantes et commercialisation des surplus. Une approche holistique qui dépasse la simple productivité pour embrasser toute l’économie alimentaire.
Quel impact sur la sécurité alimentaire en RDC ? Les projections sont éloquentes. En formalisant ces 3000 structures, le PADRID crée les conditions d’une augmentation tangible des rendements. Mais l’ambition va plus loin : développer la transformation locale permettra de valoriser 30% à 40% des productions actuellement perdues par manque de débouchés. Un levier crucial dans une province où près de 30% de la population souffre encore de malnutrition chronique selon les derniers rapports de la FAO.
La réussite de ce projet pourrait bien dessiner l’avenir des zones rurales congolaises. En connectant les petits producteurs aux marchés via la transformation alimentaire, le CEFIDE plante les graines d’une autonomie durable. Reste à voir comment ces organisations paysannes, une fois structurées, sauront capter les financements publics et privés essentiels à leur expansion. Une question centrale alors que le gouvernement annonce un fonds agricole de 50 millions USD pour 2024. Le Kasaï-Oriental deviendra-t-il le laboratoire d’une nouvelle révolution verte en Afrique centrale ? La réponse germe aujourd’hui dans les champs de Lupatapa.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net