Exclues hier, protégées aujourd’hui. Les élèves enceintes en République démocratique du Congo (RDC) vivent un tournant historique dans leur droit à l’éducation. Par une circulaire signée ce lundi, la ministre Raissa Malu ordonne le maintien obligatoire des filles enceintes dans tous les établissements scolaires du pays. Une révolution dans le système éducatif congolais où la grossesse valait jusqu’ici exclusion immédiate.
Cette décision courageuse s’inscrit dans le cadre d’une politique scolaire inclusive visant à briser les barrières de genre. « Rien ne justifie l’exclusion des filles enceintes du système éducatif », affirme la ministre dans le document officiel. Un positionnement ferme qui interdit désormais toute « exigence administrative ou scolaire discriminatoire » à leur encontre. Mais comment cette circulaire sera-t-elle accueillie dans les provinces où les traditions restent ancrées ?
Le maintien des élèves enceintes en RDC répond à un double enjeu : respecter les engagements internationaux sur l’éducation pour tous et lutter contre l’abandon scolaire féminin. Chaque année, des milliers d’adolescentes voyaient leurs rêves brisés par un renvoi systématique. Pourtant, comme le souligne Raissa Malu, « dès lors qu’elles n’ont pas manifesté l’intérêt de quitter l’école », leur place est en classe. Une conception progressiste qui place l’intérêt de l’élève au cœur du dispositif.
Cette circulaire de l’éducation nationale RDC ne se contente pas d’interdire l’exclusion : elle impose aux établissements d’aménager les parcours scolaires. Cours adaptés, horaires flexibles, suivi médical… Les proviseurs devront désormais trouver des solutions plutôt que des portes de sortie. Un défi de taille dans un pays où les infrastructures manquent cruellement. Certains enseignants s’interrogent déjà : « Aurons-nous les moyens d’accompagner ces jeunes mères sans pénaliser les autres élèves ? »
La mesure phare de Raissa Malu pour l’éducation ouvre cependant des perspectives encourageantes. En luttant contre l’exclusion scolaire pour grossesse en RDC, elle pourrait réduire significativement le décrochage féminin. Rappelons qu’actuellement, seulement 67% des filles congolaises achèvent le cycle primaire contre 82% des garçons. Cette disparité criante trouve notamment sa source dans les grossesses précoces, souvent suivies d’un bannissement définitif des bancs de l’école.
Si la politique envers les filles enceintes marque un progrès indéniable, sa mise en œuvre s’annonce complexe. Les résistances culturelles demeurent fortes dans plusieurs régions, où la grossesse adolescente est perçue comme une faute morale. « Le vrai travail commence maintenant », confie une directrice d’école de Kinshasa. « Il faudra sensibiliser les parents, former les enseignants et surtout protéger ces jeunes filles des stigmatisations ». Un long chemin vers une école réellement inclusive où chaque élève, quelle que soit sa situation personnelle, pourra écrire son avenir.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net