Le Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale (CPI) a officiellement inauguré, ce lundi 14 juillet, une infrastructure dénommée « salle de la paix » dans le village de Tsere, en périphérie de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri. Cette réalisation concrétise le programme de réparations collectives ordonné par la justice pénale internationale concernant les crimes perpétrés dans cette région entre 1999 et 2002, période marquée par de violents conflits intercommunautaires.
Érigée avec des matériaux durables et intégralement équipée, cette salle paix Bunia présente une capacité d’accueil impressionnante dépassant les mille personnes. Elle symbolise l’aboutissement des efforts conjoints des autorités congolaises et des partenaires internationaux dans la lutte contre l’impunité et la promotion d’une justice réparatrice. Selon les représentants du Fonds, cette infrastructure servira de cadre neutre pour le dialogue intercommunautaire, les formations civiques et les activités de cohésion sociale.
Le chef du groupement de Tsere, Zamundu, n’a pas caché son émotion lors de la cérémonie : « Grâce à la CPI, cette salle devient un lieu d’espoir, de rassemblement, de formation et de développement pour les victimes et l’ensemble des habitants de Tsere et de ses environs ». Son allocution a souligné comment cet édifice matérialise la reconnaissance des souffrances endurées par les victimes conflit Ituri, offrant un espace tangible de guérison collective.
Présent en personne, le gouverneur de province, le général Johnny Luboya Nkashama, a saisi cette tribune pour lancer un vibrant appel au désarmement : « J’appelle les groupes armés à tirer les leçons des drames vécus et à déposer définitivement les armes. Nous ne voulons plus revivre les horreurs de la guerre : les meurtres, les destructions ». Le haut fonctionnaire a insisté sur la dimension pédagogique de l’infrastructure, la présentant comme « un repère pour notre jeunesse manipulée, pour nos enfants perdus ».
Cette inauguration s’inscrit dans le cadre plus large des réparations CPI Ituri déployées par le Fonds au profit des victimes. Conformément aux décisions de la Cour, plusieurs projets similaires ont déjà été réalisés à travers la province, visant spécifiquement la réhabilitation collective des communautés affectées par les atrocités. Ces initiatives comprennent non seulement des infrastructures communautaires mais aussi des programmes d’accompagnement psychosocial et de réinsertion économique.
La salle de Tsere représente désormais un symbole physique des mécanismes transitionnels déployés dans la région. Quel meilleur cadre, en effet, pour amorcer la réconciliation Ituri qu’un espace dédié à la reconstruction du tissu social déchiré par des années de violence ? Les organisateurs précisent que sa gestion sera confiée à un comité local pluraliste, garantissant son utilisation équitable par toutes les composantes communautaires.
Cette démarche de réparation collective, bien que saluée par les bénéficiaires directs, continue de susciter des débats parmi les spécialistes de justice transitionnelle. Certains soulignent que les infrastructures, si nécessaires soient-elles, ne sauraient constituer à elles seules une réponse exhaustive aux préjudices subis. Le chemin vers une paix durable en Ituri requiert, selon eux, un maillage complexe de mesures judiciaires, mémorielles et socio-économiques.
Néanmoins, la matérialisation de ces réparations CPI Ituri constitue une étape observable dans le long processus de guérison. Comme l’a rappelé un représentant du Fonds, « chaque pierre posée dans cet édifice est une pierre retirée du mur de la méfiance ». La province de l’Ituri, encore éprouvée par des tensions résiduelles, garde les yeux fixés sur ces symboles concrets d’un avenir pacifié.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
