L’administrateur du territoire de Lubero, le colonel Alain Kiwewa, a déclenché une alerte sanitaire face à l’explosion inédite des cas de VIH/SIDA dans cette zone du Nord-Kivu. Des données hospitalières révèlent une progression vertigineuse : alors qu’en 2023, seulement 1,6% des patients testés étaient séropositifs (43 cas sur 2617), ce taux a bondi à 5,2% en 2024 (83 cas sur 1592). Une tendance confirmée sur les cinq premiers mois de 2025 avec 76 cas détectés parmi 1572 tests, soit 4,8%.
Comment expliquer cette flambée épidémique qui frappe Lubero ? L’hôpital général de référence n’est malheureusement pas un cas isolé. Le centre hospitalier de Kasalala rapporte des chiffres encore plus alarmants : 120 diagnostics positifs pour environ 990 patients examinés. Cette hausse brutale transforme la lutte contre le VIH/SIDA en urgence absolue pour la santé publique dans cette région congolaise.
Face à cette crise, une autre bombe à retardement menace : une pénurie criante d’antirétroviraux. « Nous constatons une insuffisance dramatique de ces traitements salvateurs », a déploré le colonel Kiwewa lors d’un entretien exclusif. Sans ces médicaments, les patients voient leur espérance de vie chuter drastiquement tandis que les risques de transmission augmentent. Imaginez un incendie sans pompiers pour l’éteindre : c’est le défi auquel font face les structures médicales locales.
L’administrateur a officiellement saisi le gouverneur de province, le général-major Kakule Somo Evariste, ainsi que les ONG spécialisées. Son appel pressant ? Mobiliser des ressources humaines et logistiques pour endiguer cette épidémie VIH à Lubero. Car chaque jour sans action aggrave le péril : tests de dépistage insuffisants, rupture des stocks médicamenteux, et surtout défaut de prévention dans les communautés rurales.
Cette situation révèle une faille inquiétante dans la chaîne d’approvisionnement des antirétroviraux en RDC. Les spécialistes s’interrogent : cette pénurie est-elle conjoncturelle ou le symptôme d’un système de santé fragilisé ? Les conséquences sont pourtant tangibles : progression silencieuse du virus, augmentation des orphelins du SIDA, et pression accrue sur des hôpitaux déjà débordés.
Que faire face à cette double crise sanitaire ? Le colonel Kiwewa insiste sur trois leviers d’action immédiats :
1. Renforcer les campagnes de dépistage mobile dans les zones reculées
2. Garantir un approvisionnement régulier en traitements antirétroviraux
3. Lancer des programmes éducatifs ciblant les jeunes populations
La prévention reste l’arme la plus efficace contre cette épidémie qui gangrène le Nord-Kivu. Comme un vaccin social, l’information sur les modes de transmission et les moyens de protection pourrait briser la chaîne de contamination. Les autorités sanitaires congolaises parviendront-elles à inverser la courbe avant que le VIH/SIDA ne devienne incontrôlable ? La réponse se joue maintenant dans les cliniques de Lubero et les couloirs du pouvoir.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net