Le crépitement de la pluie sur les toits de tôle, les éclairs déchirant le ciel nocturne… C’est dans cette ambiance apocalyptique que Sambia, localité du territoire de Dungu, a vécu un drame insoutenable dimanche 13 juillet. Angotoa Georges, secrétaire de la société civile locale, la voix nouée par l’émotion, raconte : « Une déflagration assourdissante a retenti vers 20 heures. Nous avons découvert que la foudre avait frappé une maisonnette en terre battue – celle de notre voisine enceinte de sept mois. Elle n’a même pas eu le temps de crier. »
Comment un phénomène naturel si commun en saison des pluies a-t-il pu transformer un abri familial en piège mortel ? Les témoins décrivent une scène de désolation : la victime gisant au sol, les murs noircis par l’impact, tandis que la pluie continuait de lessiver ce coin reculé de la province du Haut-Uele. Ce tragique accident foudre à Sambia révèle une amère vérité : même à l’intérieur des habitations, personne n’est vraiment à l’abri.
Ce drame n’est malheureusement pas isolé. Moins d’un mois plus tôt, une situation identique coûtait la vie à une autre future mère à Bulungu, au Kwilu. Deux régions, un même scénario catastrophe. Ces décès par foudre à Dungu et ailleurs interrogent cruellement notre préparation collective face aux colères du ciel. « Les toits de tôle agissent comme des paratonnerres improvisés, surtout quand les maisons sont isolées », explique un météorologue sous couvert d’anonymat. Dans les zones rurales où les constructions précaires dominent, chaque orage devient une roulette russe.
La société civile tire la sonnette d’alarme : « Combien de morts faudra-t-il encore pour que les autorités lancent de vraies campagnes de prévention ? » s’indigne Angotoa Georges. En effet, les mesures de sécurité orage en RDC restent largement méconnues, particulièrement dans les villages éloignés. Éteindre les appareils électroniques, éviter les points d’eau, ne pas s’abriter sous les arbres – ces consignes vitales ne parviennent jamais jusqu’aux communautés les plus vulnérables.
Derrière cette tragédie personnelle se cache un enjeu sociétal brûlant. Comment protéger des populations déjà éprouvées par les conflits et la pauvreté, lorsque les éléments naturels deviennent à leur tour une menace mortelle ? La sensibilisation aux risques orage doit devenir une priorité nationale, assortie de solutions concrètes : systèmes d’alerte météo accessibles, formations aux gestes qui sauvent, et surtout, adaptation des habitats. Tant que nous fermerons les yeux sur cette urgence, le prochain coup de tonnerre pourrait résonner comme un glas dans un autre village congolais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd