Une épidémie de choléra vient d’être officiellement déclarée dans la province congolaise du Maï-Ndombe, confirmant les craintes des autorités sanitaires après l’analyse des échantillons par l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB). Le bilan provisoire fait froid dans le dos : 233 cas suspects recensés dont 30 décès, soit un taux de létalité alarmant de près de 13%. Comment une maladie pourtant évitable et traitable a-t-elle pu causer une telle hécatombe?
Selon le gouverneur provincial, les centres de traitement accueillent quotidiennement une moyenne de 25 patients répartis dans sept zones de santé affectées. Un chiffre qui souligne l’urgence de la situation dans cette région enclavée. La déclaration officielle pointe du doigt un facteur crucial dans la mortalité observée : “l’arrivée tardive des malades dans les centres de traitement”. Combien de vies auraient pu être sauvées avec une prise en charge plus rapide?
Cette flambée épidémique trouve ses racines dans un problème endémique : l’accès catastrophique à l’eau potable. Des milliers d’habitants n’ont d’autre choix que de consommer les eaux non traitées du fleuve Congo, des rivières Kasaï, Kwa, Lukeni, Lukoro et du lac Maï-Ndombe. Ces sources hydriques, véritables bouillons de culture bactérienne, deviennent malgré elles les principaux vecteurs de transmission du vibrion cholérique.
Retour aux sources : le tout premier cas suspect remonte à la semaine du 23 au 25 juin 2025. Depuis, les zones de santé de Bolobo, Mushie, Yumbi, Nioki et Kwamouth sont devenues les épicentres de cette crise sanitaire. Face à cette propagation inquiétante, le gouvernement provincial tire la sonnette d’alarme et mobilise la population autour des gestes barrières. Mais comment appliquer ces mesures préventives sans accès à l’hygiène de base?
Le traitement du choléra repose sur deux piliers : la réhydratation urgente et l’antibiothérapie. Pourtant, dans ces régions reculées, les centres de santé manquent souvent de sels de réhydratation orale et de perfusions. Cette carence matérielle, couplée aux difficultés d’accès géographique, crée un cocktail mortel. Chaque heure de retard dans la prise en charge augmente dramatiquement les risques de décès.
Les spécialistes rappellent qu’une solution à long terme passe nécessairement par l’amélioration des infrastructures hydriques. En attendant, les équipes sanitaires s’activent sur le terrain pour distribuer des pastilles de purification d’eau et sensibiliser les communautés aux mesures d’hygiène élémentaires. Car une vérité demeure : sans eau potable, le choléra trouvera toujours un terrain fertile pour se propager.
Cette nouvelle épidémie vient cruellement rappeler que la bataille contre les maladies hydriques reste loin d’être gagnée en RDC. Alors que le gouvernement provincial tente de contenir la crise, une question persiste : quand les populations du Maï-Ndombe pourront-elles enfin boire sans craindre pour leur vie?
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd