Le conseil urbain de sécurité de Mwene-Ditu, dans la province de Lomami, est secoué par d’inquiétantes allégations de corruption impliquant des autorités judiciaires et militaires. Par une correspondance officielle datée du 26 juin dernier, le maire Gérard Tshibanda a sollicité auprès du gouverneur provincial le remplacement immédiat de quatre hauts responsables, accusés de participer à un trafic organisé de chanvre. Cette révélation intervient dans un contexte où le contrôle des stupéfiants constitue un défi majeur pour les autorités congolaises.
Selon les éléments divulgués, l’auditeur militaire de garnison, le procureur de la République près le tribunal de grande instance, un officier des FARDC ainsi qu’un commandant de la police de circulation routière seraient directement impliqués dans ces activités illicites. Le maire Tshibanda évoque des pratiques « répétées et organisées » compromettant la lutte contre la drogue à Mwene-Ditu. Des sources concordantes confirment que les services sous leur autorité auraient procédé à des libérations systématiques de jeunes interpellés pour trafic de chanvre, annihilant ainsi les efforts de répression.
Plus grave encore, un dépôt clandestin de drogue d’une ampleur inédite a été découvert, contenant une quantité de chanvre équivalente au chargement complet de deux camions de type Howo. Cette saisie majeure, qui aurait pu constituer un tournant dans la lutte contre le narcotrafic en RDC, n’a pourtant donné lieu à aucune procédure judiciaire visible. Comment expliquer qu’un tel volume de substances illicites n’ait pas déclenché d’enquête approfondie ? La réponse résiderait dans les complicités au sein même des institutions chargées de l’application de la loi.
Dans des déclarations accablantes, le premier magistrat urbain a précisé : « Ce n’était pas la première fois. À chaque arrestation, les jeunes étaient libérés au niveau du parquet ou de l’auditeur militaire ». Il a également révélé l’existence d’une cave secrète aménagée dans la résidence d’un officier des FARDC, servant à dissimuler à la fois des armes et des stocks de chanvre. Cette installation, ignorée des administrations précédentes, soulève des interrogations sur la durée et l’étendue du réseau criminel.
Face à ces antivaleurs qui menacent l’avenir de la jeunesse congolaise, le maire Tshibanda s’interroge avec gravité : « Nous ne pouvons pas commencer à droguer notre jeunesse. Nous aurons quel type de jeunes, et l’avenir sera comment ? ». Sa démarche, bien que risquée, illustre la détermination de certaines autorités locales à combattre la corruption endémique dans la région du Lomami.
Contactés par nos confrères, les membres du conseil de sécurité mis en cause ont refusé catégoriquement de s’exprimer sur ces accusations, arguant de ne pas avoir été officiellement destinataires de la correspondance incriminante. Cette absence de réaction contraste avec la gravité des faits dénoncés et laisse planer le doute sur d’éventuelles pressions ou entraves à la justice. Les prochaines étapes dépendront désormais de la saisine des instances provinciales et de l’ouverture potentielle d’une enquête administrative, voire pénale, pour clarifier ces allégations troublantes liées au trafic de chanvre à Mwene-Ditu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net