Les affrontements entre les combattants du M23 et les groupes Wazalendo ont plongé le territoire de Rutshuru dans un chaos paralysant ce lundi. Les localités de Nyamilima et Kisharo, théâtre de violents accrochages, ont vu leurs activités socio-économiques totalement interrompues. Les établissements scolaires sont restés portes closes tandis que les marchés désertés offraient un spectacle de désolation.
Un drame humain s’est ajouté à cette paralysie : un civil a été tué par balle lors des échanges de tirs. Plus macabre encore, des corps sans vie ont été découverts près de Kiseguro, en lisière du parc national des Virunga. Ces victimes semblent avoir été prises dans des tirs croisés alors qu’elles tentaient de fuir la zone de combat. Comment ces civils désarmés peuvent-ils échapper à cette spirale de violence ?
Cette flambée de violence s’inscrit dans une escalade inquiétante. Dès le week-end précédent, la chefferie de Bwito était déjà secouée par des combats entre le M23 et les milices CMC/Nyatura. Les groupements de Bambo et Bukombo ont subi pillages systématiques et incendies de maisons, laissant des familles entières sans abri. Ces attaques coordonnées transforment-elles délibérément les zones civiles en champs de bataille ?
Les conséquences humanitaires sont catastrophiques. Des milliers de déplacés fuient vers des zones théoriquement plus sûres, aggravant la crise humanitaire au Nord-Kivu. Les routes d’accès sont désormais impraticables, bloquant tout transfert médical urgent. Les organisations humanitaires font face à des défis logistiques insurmontables pour porter secours aux populations piégées.
La paralysie des activités économiques frappe de plein fouet des communautés déjà vulnérables. Avec les axes routiers coupés, comment les denrées essentielles pourront-elles atteindre les populations ? L’isolement croissant de ces zones risque-t-il de transformer cette crise sécuritaire en catastrophe sanitaire ?
Cette multiplication des foyers de tension dans le territoire de Rutshuru illustre la fragmentation du conflit armé dans l’est de la RDC. Alors que les combats se déploient simultanément sur plusieurs fronts, les civils paient le prix fort de cette guerre polymorphe. Les déplacés du M23 et des Wazalendo se comptent désormais par milliers, survivant dans des conditions précaires sans assistance adéquate. Face à l’engrenage des violences au Nord-Kivu, la communauté internationale restera-t-elle spectatrice ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net