Le compte à rebours tourne, mais dans les vestiaires congolais, c’est le silence radio qui règne. À moins de 21 jours du coup d’envoi du CHAN 2024, les Léopards A’ naviguent à vue dans un brouillard organisationnel inquiétant. Pas de programme officiel, pas de regroupement, pas de matchs amicaux : une pagaille qui rappelle douloureusement la débâcle algérienne de 2023. Comment la RDC, double championne de la compétition, peut-elle répéter les mêmes erreurs ?
Le constat est cinglant comme un revers de volée. Ni la FECOFA, ni le ministère des Sports n’ont dévoilé le moindre calendrier de préparation. Pourtant, le sélectionneur Otis Ngoma avait pourtant planifié un stage pour trente joueurs locaux. Où sont les convocations ? Où sont les installations d’entraînement ? Le vide sidéral laisse les présélectionnés en roue libre, contraints à des séances individuelles dans l’enceinte du stade Tata Raphaël. Une situation ubuesque quand le Maroc ou la Zambie enchaînent les stages intensifs à l’étranger.
« On nous ordonne de rester prêts, mais sans feuille de route », confie un joueur sous couvert d’anonymat. La consigne venue du staff technique sonne comme un aveu d’impuissance. Otis Ngoma, lui-même empêtré dans les non-versements de salaires, semble lutter contre des moulins à vent administratifs. La FECOFA, en pleine transition, et le ministère des Sports, muet comme une tombe, forment un tandem paralysant. Un remake angoissant se dessine : en 2023, cette désorganisation avait conduit à une élimination humiliante dès la phase de groupes.
Mais le scandale va plus loin que la simple logistique. Les salaires impayés des joueurs et du staff technique forment une plaie béante. Primes de qualification, indemnités de stage à Dubaï, arriérés de plusieurs mois : la caisse est vide. « Mouiller le maillot sans être payé, c’est un camouflet », tonne un international. Le cas de Mungomba Zito, toujours créancier de la fédération, contraste violemment avec le traitement de stars comme Chancel Mbemba. Quel message envoie-t-on aux espoirs locaux ? Que la sélection nationale réserve ses égards aux seuls exilés européens ?
La colère gronde dans les coulisses. Alors que le CHAN 2024 représente une vitrine cruciale pour les talents locaux, la RDC s’enfonce dans un marasme prévisible. Otis Ngoma peut-il encore conjurer le sort avec si peu de moyens et de temps ? Les joueurs parviendront-ils à transformer leur rage en performance sur le terrain ? Une chose est sûre : sans mobilisation d’urgence des autorités, les Léopards A’ risquent de mordre la poussière avant même d’affronter le premier adversaire. Le fiasco guette, et l’heure n’est plus aux promesses, mais aux actes.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: footrdc.com
