Ce vendredi 11 juillet, le Centre d’Études pour l’Action Sociale (CEPAS) a vibré au rythme d’une interrogation cruciale : « Différents processus de paix : Et le peuple dans tout ça ? ». Co-organisé par Pona Congo et la Synergie pour la Transparence des Processus de Paix (STP), ce débat citoyen RDC a rassemblé universitaires, politiques et acteurs religieux autour d’un constat unanime : les mécanismes diplomatiques actuels négligent dangereusement l’implication peuple processus paix.
D’entrée, Charis Basoko, coordonnateur de Pona Congo, a posé un diagnostic implacable : « Impliquer le peuple, intéresser le peuple dans tout ce qui se fait en son nom. Car ce qui se fait sans ce peuple risque de ne pas impliquer ce peuple ». Une mise en garde prophétique, alors que le professeur Tshibangu Kalala disséquait les fragilités des processus paix Congo. De Luanda à Nairobi, en passant par l’accord Washington RDC signé le 27 juin 2025, il a pointé leur « essoufflement » et leur incapacité à résoudre la « prédation des ressources minières » – cause fondamentale du conflit selon la théorie Kissinger reprise avec force. « Sans clarification des chaînes d’approvisionnement, toute résolution demeure illusoire », a-t-il martelé, soulignant que le chapitre économique de l’accord américain nécessitera un pacte complémentaire.
L’historien Thomas Luhaka Losendjola a ensuite déroulé une analyse glaçante des échecs répétés. Des dialogues post-indépendance à Sun City, les mêmes causes produisent les mêmes effets : confiscation du pouvoir par une élite, gestion patrimoniale de l’État et clientélisme meurtrier. Sa proposition ? Un leadership lumumbiste transcendant les clivages ethniques et une gouvernance géopolitique équilibrée. Mais comment y parvenir lorsque, comme l’a relevé Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, les accords internationaux ignorent superbement les racines internes des crises ?
C’est dans ce vide abyssal que s’inscrit le Pacte social paix, initiative inédite des Églises catholique et protestante. Présenté comme une alternative aux logiques diplomatiques traditionnelles, ce cadre repose sur quatre piliers – sécurité, gouvernance, cohésion sociale et inclusion – visant à produire des « feuilles de route concrètes » par consensus national. « Symbolisant la naissance du prince de paix », selon Mgr Nshole, ce pacte social entend replacer les Congolais au cœur de leur destin. Les interventions de Martin Fayulu et du professeur Oumar Nassefou lors des échanges ont confirmé cette urgence.
Au final, ce débat aura révélé une équation simple mais vitale : les processus paix Congo ne survivront pas à leur déconnexion d’avec le terreau citoyen. La complexité des mécanismes multilatéraux, si elle justifie des nuances, peut-elle encore servir d’alibi à l’exclusion populaire ? Alors que l’accord Washington RDC entre dans sa phase opérationnelle sous pression du calendrier (90 jours), la question fuse comme un avertissement : une paix octroyée d’en haut est-elle autre chose qu’une illusion éphémère ? Le pacte social proposé par les Églises offre une piste, mais sa réussite dépendra d’une révolution culturelle : celle qui verra Kinshasa enfin écouter ses oubliés.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
