La province du Kasaï-Oriental traverse une crise institutionnelle sans précédent après la suspension controversée de Nestor Mpanda, Directeur Général de la Direction Générale des Recettes (DGRKOR). Cette décision prise le 9 juillet par le gouverneur intérimaire Augustin Kayemba Mulemena a provoqué une rupture explosive avec l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti au pouvoir. Dans une déclaration incendiaire, la fédération UDPS de Mbuji-Mayi dénonce une “guerre ouverte contre son existence dans la sphère décisionnelle provinciale”.
Les griefs du parti présidentiel sont multiples et accablants. Outre le limogeage de ses cadres, l’UDPS fustige le dédoublement du cabinet du gouverneur et la nomination de son frère à la tête d’une mission d’inspection financière, alors que ce dernier ne possède apparemment aucune compétence dans ce domaine. Plus grave encore, des allégations de détournement de 500 millions de francs congolais, destinés à la paie des fonctionnaires, sont brandies comme preuve d’une gestion douteuse. Le parti au pouvoir voit-il dans ces révélations l’émergence d’un système parallèle de gouvernance ?
Face à cette avalanche d’accusations, la réaction de l’UDPS ne s’est pas fait attendre. Le parti a formellement désavoué Augustin Kayemba, lui accordant un délai ultimatum de 72 heures pour quitter ses fonctions. “Des actions de haute envergure” sont promises si le gouverneur intérimaire persiste, menaçant ainsi de plonger la province dans une paralysie institutionnelle. Cette crise politique ouverte met en lumière les tensions croissantes dans le partage du pouvoir local, révélant des fractures au sein même de la majorité présidentielle.
Pourtant, le gouverneur Kayemba se défend en brandissant un rapport accablant de la commission provinciale de contrôle des recettes. Selon ce document, Nestor Mpanda et deux autres directeurs de la DGRKOR seraient impliqués dans le détournement de plus de 200 000 dollars américains provenant de la taxe spéciale de circulation routière. Une suspension “à titre conservatoire” justifiée par des “indices graves de détournement”, selon les termes officiels. Mais cette version des faits est-elle crédible aux yeux des partisans de l’UDPS, qui y voient plutôt un prétexte pour écarter leurs cadres ?
Cette affaire dépasse le simple conflit administratif pour toucher au cœur de la gouvernance du Kasaï-Oriental. Les accusations croisées de détournement de fonds publics créent un climat de défiance toxique, tandis que la crise politique menace la stabilité de toute la région. Le gouverneur Kayemba joue désormais sa survie politique sur un échiquier provincial de plus en plus hostile. Sa capacité à résister à la pression du parti présidentiel déterminera non seulement son avenir, mais aussi l’équilibre des pouvoirs dans cette province stratégique. Les prochaines 72 heures s’annoncent décisives pour l’avenir politique du Kasaï-Oriental.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net