Des coups de feu ont retenti dans l’obscurité de l’avenue Démocratie, quartier Ndosho, durant la nuit du 11 au 12 juillet. Un groupe de jeunes effectuant une ronde de sécurité communautaire a été pris pour cible par des individus armés. Benjamin Sadiki Butati, veilleur bénévole, a été mortellement touché.
Transporté d’urgence dans un centre médical, le jeune homme a succombé à ses blessures en début de matinée. L’attaque s’est produite vers 23 heures, alors que les volontaires tentaient de protéger leur voisinage. Les assaillants ont disparu immédiatement après l’agression, sans laisser de traces.
Ce drame illustre la crise sécuritaire qui paralyse Goma depuis plus de six mois. Aucune présence policière n’est visible dans les rues. Les commissariats de proximité restent désertés. Cette vacance du pouvoir sécuritaire a transformé les quartiers en zones de non-droit.
Les habitants de Ndosho décrivent une situation catastrophique. « Les activités économiques sont paralysées », confie un riverain sous couvert d’anonymat. « La population cherche désespérément des refuges, mais où aller ? Les bandits armés opèrent en toute impunité ». Des meurtres, cambriolages et enlèvements se multiplient sans qu’aucune enquête sérieuse ne soit engagée.
Face à ce vide institutionnel, des jeunes se sont improvisés gardiens de leur communauté. Ces rondes de sécurité communautaire se font sans équipement de protection. Pas de gilets pare-balles. Pas de radios de communication. Pas même de lampes torches suffisantes. Des volontaires exposés, sans formation ni moyens.
Le dispositif annoncé par les rebelles du M23 s’est révélé illusoire. Les numéros d’urgence promis restent sans réponse. Les citoyens se retrouvent seuls, abandonnés à leur sort dans cette insécurité chronique du Nord-Kivu.
Comment expliquer cette démission des autorités ? Pourquoi les forces de police ont-elles déserté Goma ? Cette tragédie soulève des questions brûlantes sur la protection des civils. Benjamin Sadiki Butati paye le prix ultime d’un engagement citoyen devenu nécessaire par la faillite de l’État.
Les veilleurs continuent leurs rondes, mais dans la crainte. Chaque nuit devient un pari risqué. Chaque patrouille ressemble à une mission suicide. L’insécurité à Goma atteint désormais ceux qui tentent de la combattre. Le quartier Ndosho pleure son héros ordinaire, symbole d’une jeunesse sacrifiée sur l’autel de la négligence sécuritaire.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net