La cité de Bambo, dans la chefferie de Bwito au Rutshuru, étouffe sous le poids d’une crise humanitaire sans précédent. Médecins Sans Frontières (MSF) tire la sonnette d’alarme ce jeudi 10 juillet face à l’afflux massif de civils fuyant les affrontements entre les rebelles de l’AFC/M23 et les groupes armés wazalendo. Des dizaines de milliers de personnes se sont entassées dans cette localité du Nord-Kivu, transformant Bambo en éponge humaine aux abords de l’implosion.
Depuis le 15 mai, les combats intenses opposant les rebelles M23 aux miliciens du groupe CMC ont jeté sur les routes plus de 900 familles. Résultat ? La population de Bambo aurait doublé en quelques jours selon François Calas, chef de programme MSF au Nord-Kivu. “Près de 500 ménages survivent dans des écoles ou des églises, tandis qu’environ 4 000 personnes s’entassent chez des familles d’accueil déjà vulnérables”, précisait déjà Matilde Gueho, cheffe de mission adjointe de MSF à Goma, fin mai.
Le tableau clinique est alarmant. Chaque semaine, les équipes de MSF prennent en charge près de 3 700 patients – une augmentation de plus de 40% depuis la vague de déplacement. Mais comment répondre quand les besoins explosent et que les ressources s’épuisent ? L’hôpital général local, soutenu par MSF, croule sous les blessés par balles perdues ou éclats d’artillerie. Pire encore : 70% des consultations concernent le paludisme, fléau favorisé par l’absence criante de moustiquaires dans les abris de fortune.
“L’accès à l’eau potable et aux infrastructures d’hygiène de base est très limité, accroissant considérablement les risques épidémiques”, souligne François Calas. La promiscuité, l’insalubrité et la malnutrition créent un cocktail explosif. Les taux de malnutrition, particulièrement chez les enfants, grimpent en flèche dans cette région où l’insécurité empêche les paysans de cultiver leurs champs.
Face à l’urgence, MSF a mis en place des mesures vitales : soins gratuits pour les enfants au centre de santé de Faraja, prise en charge des cas complexes à l’hôpital de Bambo, distribution de kits de première nécessité. L’ONG renforce également les unités nutritionnelles thérapeutiques et les services pédiatriques. Mais ces efforts ressemblent à une goutte d’eau dans l’océan des besoins. “Nos capacités sont dépassées”, admet un agent de terrain, décrivant des familles dormant à la belle étoile sans eau potable ni protection contre les moustiques.
La question qui brûle toutes les lèvres : combien de temps avant l’explosion épidémique ? Le paludisme et la malnutrition forment un duo meurtrier dans un contexte où les systèmes immunitaires sont affaiblis par le stress et les privations. MSF lance donc un appel pressant à la mobilisation des autres acteurs humanitaires. Sans intervention rapide sur la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau et la protection civile, Bambo pourrait basculer dans la catastrophe absolue. Le temps n’est plus aux constats, mais à l’action concertée pour éviter l’irréparable dans cette poche du Bwito en agonie.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd