Dans un mouvement inédit de cohésion institutionnelle, le gouvernement provincial du Maniema et son assemblée législative ont scellé jeudi une alliance stratégique contre les pratiques entravant le développement provincial. Cette décision, issue d’un séminaire organisé par le SENAREC avec l’appui technique et financier du PNUD, vise explicitement à éradiquer les anti-valeurs qui perpétuent les blocages administratifs et les crises politiques récurrentes dans cette région clé de la RDC.
Le gouverneur Moïse Kabwankubi a fixé le ton lors de sa déclaration, martelant une vérité souvent éludée : Quels que soient nos potentiels naturels, sans personnel qualifié, point de transformation en richesses
. Son propos cinglant contre les ministres stagiaires ou en apprentissage
résonne comme un aveu des lacures qui minent l’administration congolaise. Cette critique acerbe, voilée sous le pragmatisme, interroge sur la persistance de nominations politiciennes dans les hautes sphères provinciales.
Du côté parlementaire, le président Junior Kibungi Mutanga a surpris par la radicalité de son engagement : Si un ministre s’avère improductif, l’assemblée soutiendra son remplacement immédiat
. Cette promesse de contrôle renforcé, inhabituelle dans le paysage politique congolais, dessine une nouvelle dynamique de redevabilité. Mais cette vigilance affichée tiendra-t-elle face aux réalités clientélistes ? La déclaration implique surtout une possible reconfiguration des équipes gouvernementales, stratégie risquée dans une province historiquement minée par l’instabilité.
L’étonnement positif exprimé par Paulin Katamba, coordonnateur adjoint du SENAREC, achève de peindre ce tableau singulier : Le climat de collaboration ici est remarquable comparé à d’autres provinces
. Cet éloge souligne paradoxalement la médiocrité des relations institutionnelles ailleurs en RDC. Le séminaire SENAREC-PNUD apparaît ainsi comme un catalyseur révélant des fractures nationales tout en proposant un modèle de gouvernance.
Cette entente affichée répond-elle à une réelle volonté de développement provincial ou n’est-elle qu’une trêve tactique ? Les anti-valeurs ciblées – corruption, incompétence, clientélisme – constituent l’ADN même de nombreux blocages administratifs congolais. Le gouverneur Kabwankubi l’a reconnu implicitement : la population n’écoutera pas
des responsables perçus comme illégitimes. L’efficacité de cette collaboration gouvernement-assemblée se mesurera à l’aune des prochains remaniements et des réformes concrètes. Car dans le Maniema comme ailleurs en RDC, le développement provincial reste tributaire d’une rupture culturelle avec les pratiques prédatrices. La balle est désormais dans le camp des exécutifs : transformer ce discours novateur en actions tangibles ou rejoindre le cimetière des belles déclarations sans lendemain.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net