Une manifestation inédite a secoué le Centre financier de Kinshasa ce jeudi 10 juillet 2025, où une centaine de magistrats fraîchement nommés ont organisé un sit-in devant les ministères des Finances et du Budget. Ces magistrats de la promotion 2025, pourtant nommés par ordonnance présidentielle datée du 28 mars dernier, dénoncent avec véhémence le retard persistant dans leur affectation et le non-versement de leurs salaires depuis quatre mois.
Selon les informations recueillies, les magistrats présents à Kinshasa auraient reçu leur notification officielle de nomination, mais aucune suite concrète n’aurait été donnée concernant leur prise de fonction ou leur rémunération. Cette situation concerne spécifiquement des membres de la promotion 2025 parmi les 2 500 magistrats nommés par le chef de l’État. Comment expliquer un tel délai dans la mécanisation de ces nominations pourtant validées en Conseil des ministres ? La question reste en suspens tandis que les fonctionnaires de justice expriment un ras-le-bol croissant.
Sous étroite surveillance policière, le sit-in des magistrats s’est déroulé dans une ambiance électrique, marquée par des sifflets et le son strident des vuvuzelas. Cette protestation des magistrats à Kinshasa constitue un mouvement social rare au sein de la magistrature congolaise, traditionnellement discrète. Face à cette mobilisation inhabituelle, un conseiller du ministre du Budget est descendu négocier avec les manifestants, proposant une séance de travail ce vendredi 11 juillet et invitant les magistrats à désigner une délégation représentative.
Dans des déclarations anonymes, plusieurs manifestants ont exprimé leur incompréhension face au blocage administratif. « Les instructions claires du Président de la République concernant notre mécanisation ont été données en Conseil des ministres, mais elles demeurent inexplicablement sans suite exécutoire », a confié l’un d’eux, soulignant le paradoxe entre la nomination officielle et l’absence de mise en œuvre pratique. Cette situation de salaires impayés pour les magistrats RDC crée une précarité inédite parmi ces nouveaux membres du pouvoir judiciaire.
La réaction institutionnelle n’a pas tardé. Le secrétaire permanent du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a publié un communiqué officiel dans la journée, rappelant avec fermeté que « les revendications légitimes des magistrats doivent transiter par les canaux hiérarchiques appropriés ». Le texte met explicitement en garde contre les manifestations publiques, précisant que « des poursuites disciplinaires pourraient être engagées contre les magistrats qui persisteraient à manifester dans l’espace public ». Cette position du conseil supérieur magistrature RDC illustre la tension entre le droit de protestation des fonctionnaires justice et les obligations déontologiques de la magistrature.
La question centrale demeure : pourquoi l’affectation retard promotion 2025 n’a-t-elle toujours pas été résolue quatre mois après la nomination présidentielle ? Alors qu’une séance de travail est prévue ce vendredi entre une délégation de magistrats et les services du Budget, l’exécutif se trouve sous pression pour débloquer rapidement cette situation inédite qui ébranle les fondements de l’indépendance et de la dignité de la justice congolaise. La crédibilité du processus de nomination judiciaire se joue désormais dans la capacité des autorités à traduire en actes les décisions présidentielles.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net