32.7 C
Kinshasa
vendredi, juillet 11, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéInternational(DOSSIER) Burkina Faso : la croissance économique au rythme du leadership d'Ibrahim...

(DOSSIER) Burkina Faso : la croissance économique au rythme du leadership d’Ibrahim Traoré, un modèle pour l’Afrique ?

Alors que l’Afrique cherche des voies de développement endogènes, le Burkina Faso émerge comme un cas d’étude fascinant sous la gouvernance du capitaine Ibrahim Traoré. Avec une croissance du PIB passant de 3,0% en 2023 à 4,9% en 2024 selon la Banque mondiale, cette nation sahélienne affiche une résilience économique remarquable malgré un contexte sécuritaire complexe. Cette trajectoire ascendante, portée à 23,25 milliards de dollars, interroge : le modèle burkinabè alliant souveraineté économique et leadership panafricain pourrait-il inspirer d’autres pays du continent ? L’analyse des réformes structurelles et des choix géopolitiques révèle une expérience aux implications régionales profondes.

Le secteur tertiaire constitue désormais le principal moteur de cette expansion, contribuant à hauteur de 2,6 points de pourcentage à la croissance globale en 2024. Les administrations publiques, le commerce de détail et les services de réparation ont particulièrement prospéré, bénéficiant d’une amélioration relative des conditions sécuritaires et d’un retour partiel des investissements. Dans le même temps, l’agriculture a apporté une contribution significative de 1,6 point, soutenue par des conditions climatiques favorables et des politiques gouvernementales volontaristes incluant l’aménagement de bas-fonds rizicoles et le soutien technique aux producteurs. Cette dynamique contraste avec le recul persistant du secteur secondaire, pénalisé par la fermeture de la mine d’or de Boungou et les difficultés d’exploitation sur d’autres sites miniers.

Le profil macroéconomique du pays montre une nette amélioration des déséquilibres fondamentaux. Le déficit budgétaire s’est resserré à 5,6% du PIB en 2024 contre 6,5% l’année précédente, grâce à une meilleure maîtrise des dépenses publiques et une mobilisation accrue des recettes fiscales. Parallèlement, le déficit du compte courant s’est réduit de 8,0% à 6,4% du PIB, tiré par la hausse des cours internationaux de l’or qui représente près de 80% des exportations totales. Cette consolidation s’opère dans un contexte monétaire régional tendu, où les taux d’intérêt des bons du Trésor excèdent désormais 9% sur le marché ouest-africain, augmentant le coût du financement de la dette publique.

Le leadership du capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis septembre 2022, imprègne profondément cette trajectoire économique. Son discours prononcé au Palais des Sports de Ouagadougou en juillet 2024 a cristallisé une vision géopolitique articulée autour de trois piliers : la souveraineté économique, l’unité panafricaine et la rupture avec l’héritage colonial. Cette philosophie s’est traduite par des actions concrètes comme la révocation des permis miniers aux sociétés étrangères non alignées sur les intérêts nationaux, créant ainsi un précédent dans la gouvernance des ressources naturelles. La refonte du système judiciaire pour lutter contre la corruption des élites et la création de mécanismes de surveillance citoyenne complètent cet écosystème institutionnel en mutation, où la priorité affichée est la réduction des inégalités structurelles.

L’impact social de ces transformations commence à se matérialiser, avec une baisse de trois points du taux de pauvreté extrême en 2024 pour s’établir à 23,2%. Cette amélioration, particulièrement sensible en milieu rural, demeure toutefois fragile face à l’ampleur des défis humanitaires : plus de 5,5 millions de Burkinabés vivent encore sous le seuil de pauvreté et près de deux millions sont déplacés internes du fait de l’insécurité. La stratégie de recrutement massif de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), initiée par Traoré dès son arrivée au pouvoir, vise autant à renforcer la sécurité qu’à créer des opportunités économiques dans les zones reculées, bien que son efficacité soit contestée par certaines organisations humanitaires.

Sur le plan diplomatique, le Burkina Faso a opéré un pivot stratégique en fondant l’Alliance des États du Sahel (AES) avec le Mali et le Niger. Cette coalition inédite, née du retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), constitue désormais le principal cadre de coopération économique et sécuritaire. Les échanges commerciaux intra-alliance, bien qu’encore embryonnaires, bénéficient de nouvelles infrastructures logistiques comme le corridor Niamey-Ouagadougou, réduisant la dépendance historique aux ports côtiers. Cette réorientation géopolitique s’accompagne d’un rapprochement accru avec la Russie, visible dans les accords de coopération militaire et les investissements dans l’exploitation minière, rééquilibrant ainsi les partenariats économiques traditionnels.

Les perspectives économiques à moyen terme restent conditionnées par la résolution de la crise sécuritaire. La Banque africaine de développement projette une croissance de 5,3% en 2024 et 5,5% en 2025, soutenue par la remontée anticipée de la production aurifère et le développement des filières agricoles à forte valeur ajoutée. Cependant, cette trajectoire positive pourrait être compromise par des aléas climatiques récurrents ou une dégradation du contexte sécuritaire, deux facteurs qui pèsent particulièrement sur le potentiel productif des régions septentrionales. Le défi majeur réside dans la transformation structurelle de l’économie, encore trop dépendante de l’extraction minière et de l’aide internationale, vers une base productive plus diversifiée et créatrice d’emplois durables.

L’expérience burkinabée sous l’ère Traoré offre un laboratoire vivant des défis du développement africain contemporain. En associant fermeté politique et innovation économique, le pays tente de tracer une troisième voie entre la dépendance aux partenaires traditionnels et l’isolement international. Si les résultats économiques tangibles commencent à émerger, la pérennité de ce modèle dépendra de sa capacité à concilier souveraineté et ouverture, sécurité et libertés individuelles, dans un contexte régional volatile. La mobilisation de la jeunesse burkinabée autour de ce projet national, visible dans les places publiques et sur les réseaux sociaux, témoigne d’une adhésion populaire qui dépasse les frontières, faisant du Burkina Faso un objet d’étude et parfois d’inspiration pour d’autres nations africaines en quête d’émancipation économique. Ce modèle de développement saura-t-il transformer son essor actuel en prospérité durable ? L’avenir du Sahel en dépend peut-être.

Article Ecrit par Cédric Botela

Commenter
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Résumé de l'actualité quotidienne

Le Brief du Jour du 09 Juillet 2025

Partenariats énergétiques géants, verdicts historiques contre les violences, retour massif de réfugiés en Ituri, crise logistique à Beni, avancée sanitaire à Matadi, accords de transformation minière avec les Émirats, appel à un dialogue politique inclusif : retrouvez le condensé de l’actualité du 9 juillet 2025 en RDC.

Derniers Appels D'offres

Derniers Guides Pratiques