Le prix Nobel de la paix congolais, le Dr Denis Mukwege, a lancé un appel pressant ce mercredi 9 juillet, exigeant justice et réparations pour les populations de l’Est de la RDC. Cette interpellation fait suite à la publication du rapport accablant du Groupe d’experts des Nations Unies, documentant l’implication directe du Rwanda dans l’occupation des provinces du Kivu.
Selon les conclusions sans équivoque du rapport ONU RDC, le régime de Kigali « dirige et contrôle de facto » les opérations du mouvement rebelle M23. Des preuves tangibles – photos, vidéos authentifiées et renseignements concordants – établissent que les Forces de défense rwandaises (FDR) ont mené des incursions systématiques en territoire congolais. Leur implication directe dans les combats, avec un armement de haute technologie, constitue une violation flagrante de la Charte des Nations Unies.
« Plus de onze millions de Congolais vivent entre famine et violence sous le joug des forces d’occupation », a dénoncé Mukwege. L’offensive éclair lancée en janvier 2025 a provoqué un regain alarmant de violations des droits humains et des Conventions de Genève. Comment ignorer l’aggravation de la crise humanitaire et le déplacement forcé de centaines de milliers de civils ?
Le lauréat du Nobel a plaidé pour une mobilisation internationale immédiate : « Nous exigeons des sanctions fortes et coordonnées contre les acteurs de cette déstabilisation ». Il réclame l’application stricte de la résolution 2773 du Conseil de sécurité, exigeant un cessez-le-feu sans condition et le « retrait inconditionnel et immédiat de l’armée rwandaise ».
Mukwege a également insisté sur la nécessité d’une justice transitionnelle effective, s’appuyant sur les mécanismes éprouvés en Sierra Leone ou en Centrafrique. « La souffrance des victimes est universelle, et le droit à la justice doit l’être tout autant », a-t-il martelé, appelant la Cour pénale internationale (CPI) à intensifier ses enquêtes sur les crimes commis depuis 2002. L’utilisation du principe de compétence universelle par les États membres de l’ONU a été vivement encouragée pour poursuivre les responsables des atrocités documentées dans le rapport Mapping.
Cette révélation intervient dans un contexte paradoxal : la signature récente d’un accord de paix entre Kinshasa et Kigali sous médiation américaine. Cet accord ambitionne de clore trois décennies de conflits armés ayant fait des milliers de morts et de déplacés. Toutefois, Kigali persiste à justifier ses incursions par la menace des FDLR, qu’il accuse de collaborer avec les FARDC.
L’occupation du Nord-Kivu par le M23, soutenu militairement par le Rwanda, continue d’alimenter un cycle de violence insoutenable. Les garanties de non-répétition réclamées par Mukwege restent lettre morte tant que les forces étrangères stationnent sur le sol congolais. Jusqu’à quand la communauté internationale tolérera-t-elle cette ingérence déstabilisatrice au cœur de l’Afrique ? La crédibilité des mécanismes de paix en dépend.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd