La République démocratique du Congo fait face à un séisme sanitaire sans précédent : les médecins du Syndicat Libre des médecins (Sylimed) ont déclenché une grève sèche nationale ce vendredi 11 juillet 2025. Cette décision radicale, annoncée par le secrétaire général André Kasongo, paralyse les structures de santé sur toute l’étendue du territoire. Mais pourquoi des professionnels de santé en arrivent-ils à une mesure aussi extrême ?
La réponse réside dans un constat amer : le gouvernement congolais n’aurait pas respecté ses engagements récurrents envers ces acteurs essentiels du système de santé. Les revendications des médecins congolais, portées par Sylimed, touchent à leur précarité quotidienne. Parmi les promesses non tenues figurent la revalorisation des primes salariales, la réactivation du troisième palier pour le logement, et l’intégration des médecins dans les échelons T3 et T4. Ces termes techniques cachent une réalité simple : des mois, voire des années, d’attente pour une dignité professionnelle.
« Être au travail, mais sans travailler » : telle est la consigne paradoxale lancée par André Kasongo à ses collègues. Cette forme de protestation inédite vise à démontrer leur présence physique tout en suspendant les actes médicaux. Une stratégie calculée pour faire porter la responsabilité de la paralysie sanitaire au gouvernement. Les médecins affectés à la Couverture santé universelle sont particulièrement concernés par cet arrêt total d’activité.
La grève, prévue pour durer deux semaines initialement, intervient dans un contexte déjà alarmant. Le secrétaire général de Sylimed a révélé plusieurs décès de médecins durant l’épidémie de choléra, directement liés selon lui à leur précarité matérielle. « Le gouvernement doit donner des munitions aux combattants de la santé », a-t-il lancé, métaphore poignante pour décrire l’abandon des praticiens en première ligne face aux crises sanitaires. Sans réponse à leurs demandes, ces professionnels menacent de « jeter l’éponge » définitivement.
Cette crise santé au Congo révèle un paradoxe tragique : comment des médecins peuvent-ils soigner une population quand leurs propres conditions de travail les mettent en danger ? La précarité des médecins en RDC n’est plus un secret, mais l’ampleur de cette grève sèche en fait un signal d’alarme sans équivoque. Les hôpitaux se transforment désormais en théâtres silencieux où les blouses blanches observent une présence inactive, bras croisés face à des engagements non tenus.
Quelles seront les conséquences pour les patients pendant ces deux semaines critiques ? La suspension des soins risque d’aggraver des indicateurs sanitaires déjà préoccupants, particulièrement dans les zones reculées. Cette grève des médecins en RDC pose une question fondamentale : jusqu’où peut-on négliger ceux qui garantissent la santé d’une nation ? La balle est désormais dans le camp des autorités, alors que le pays retient son souffle devant cette crise sanitaire évitable.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net