Un conflit de trente ans peut-il vraiment prendre fin en une signature ? C’est l’espoir que porte la visite imminente à Washington des présidents Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda), convoqués par Donald Trump pour parapher l’accord final de paix. Cette rencontre à haute tension survient après des décennies de violences ayant fait, selon le président américain, « sept millions de morts », un bilan qu’il estime même sous-évalué.
Le processus de paix sous médiation américaine a franchi une étape cruciale le 27 juin dernier avec la signature d’un accord par les ministres des Affaires étrangères des deux pays. Pourtant, comme le souligne Donald Trump lui-même, « il reste encore beaucoup à faire ». La Maison Blanche mise désormais sur le sommet présidentiel pour sceller définitivement ce texte censé tourner la page d’une guerre qualifiée d’« horrible » et de « brutale » par l’hôte de la Maison Blanche.
L’Est de la République Démocratique du Congo, épicentre de ce conflit, présente un paradoxe tragique : région frontalière du Rwanda regorgeant de minerais stratégiques, elle subit depuis 1994 une instabilité chronique. Les récents mois ont vu l’escalade s’accélérer avec la prise de Goma par le M23 – mouvement soutenu selon l’ONU par Kigali – puis de Bukavu, plongeant les provinces du Kivu dans une crise humanitaire aiguë.
L’accord de paix Washington cristallise pourtant des divergences tenaces. Le point d’achoppement majeur réside dans la séquence du désengagement militaire. Kinshasa exige en priorité la neutralisation des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), groupes armés hutus opérant en RDC. Kigali, de son côté, réclame la simultanéité entre cette opération et le retrait des mesures défensives rwandaises du territoire congolais.
Cette dualité d’interprétation inquiète les observateurs. « Ils veulent chacun tirer la couverture à soi », analyse un diplomate sous couvert d’anonymat. Les récentes avancées, incluant une médiation parallèle du Qatar entre Kinshasa et le M23, suffiront-elles à aplanir ces contradictions ? La communauté internationale presse désormais les États-Unis d’exercer leur influence pour garantir l’application intégrale de l’accord.
Le rôle de Washington apparaît déterminant. Donald Trump a personnellement salué l’implication de son « excellent conseiller principal pour l’Afrique », soulignant que « la plupart des gens pensaient [cette paix] impossible ». Pourtant, la crédibilité de cette médiation américaine se jouera sur la capacité à imposer le respect des clauses signées.
Alors que les présidents s’apprêtent à se serrer la main à la Maison Blanche, l’ombre des sept millions de victimes plane sur les négociations. Les populations de l’Est congolais, premières concernées par ce processus de paix, attendent des actes concrets : désarmement des groupes, retour des déplacés, et exploitation apaisée des ressources minières. La signature finale ne sera qu’un prélude ; le véritable test résidera dans les semaines suivantes, sur le terrain accidenté du Kivu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd