Le Tribunal militaire de garnison de Butembo a prononcé des condamnations d’une sévérité notable à l’encontre de vingt-quatre éléments des forces armées et d’un civil, reconnus coupables de violations graves des droits humains incluant treize cas de viols sur mineures. Ces décisions judiciaires interviennent à l’issue d’audiences foraines tenues du 26 juin au 8 juillet 2024 à Lubero-centre, chef-lieu du territoire de Lubero dans la province troublée du Nord-Kivu.
Les prévenus ont écopé de peines variant entre cinq et vingt années de servitude pénale principale, certains encourant même la peine capitale. Des amendes et dommages-intérêts pouvant atteindre 25 000 dollars américains leur ont été simultanément infligés. Les crimes jugés – comportant des violences sexuelles systématiques, des meurtres et homicides – furent perpétrés entre 2021 et 2024 dans la commune rurale de Lubero et ses environs immédiats, illustrant l’ampleur des violations des droits humains dans cette région en proie aux conflits.
Maître Lydie Kake, l’avocate représentant les victimes, a exprimé un soulagement mesuré après le prononcé du verdict : « Ça a été un soulagement pour les victimes. Il y avait certaines qui pensaient que c’était déjà fini, qu’on ne pouvait plus parler de leur sort… Les condamnés sont en train de purger leur peine à la prison centrale de Butembo. On veut voir maintenant les victimes obtenir réparation. » L’experte juridique a par ailleurs plaidé pour l’extension de ces procédures exceptionnelles : « Nous souhaitons que ces genres d’audiences soient organisées dans d’autres localités. »
Ces audiences foraines à Lubero furent rendues possibles grâce au soutien logistique et technique de la MONUSCO/Beni, par le biais de ses sections spécialisées dans l’Appui à la Justice et la Protection de l’Enfant, en collaboration avec le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH). Cette assistance s’inscrit dans un cadre stratégique visant explicitement à renforcer la lutte contre l’impunité dans les zones de conflit chronique de l’est de la République Démocratique du Congo, tout en rapprochant l’institution judiciaire des communautés directement affectées par ces crimes.
La tenue de ces sessions judiciaires itinérantes constitue un précédent notable dans la matérialisation des efforts entrepris pour endiguer les violences sexuelles employées comme armes de guerre. L’implacabilité des peines prononcées par le Tribunal militaire de Butembo pourrait-elle inaugurer une nouvelle ère dans la répression des crimes contre l’enfance dans le Nord-Kivu ? La question demeure posée alors que les victimes attendent désormais l’exécution effective des réparations ordonnées, ultime étape dans leur quête de justice. Cette jurisprudence marque un tournant dans le traitement judiciaire des condamnations pour viols de mineures en RDC, où l’impunité a trop souvent prévalu malgré l’ampleur des violations documentées.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net