Une situation alarmante frappe les enfants du territoire de Masisi au Nord-Kivu : selon les autorités sanitaires locales, au moins 10% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition dans la région de Lukweti. Ce constat accablant, issu d’une enquête menée en juin dernier, révèle une crise sanitaire profonde dans une zone déjà minée par l’insécurité. Comment protéger ces enfants vulnérables dont l’avenir est compromis par la faim ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur dix enfants rencontrés dans les villages de Lukweti, Lubwe ou Mianja, un présente des signes évidents de malnutrition. Les groupements de Bashali Mokoto et Osso Banyungu sont particulièrement touchés, transformant la malnutrition en véritable ennemi silencieux. Les relais communautaires du groupe Martin Luther King, témoins directs de cette tragédie, ont tiré la sonnette d’alarme après avoir observé des dizaines d’enfants en détresse nutritionnelle à Katale, Kalinga et Lushebere.
Mais pourquoi cette urgence nutritionnelle frappe-t-elle si durement le Masisi ? Les responsables sanitaires pointent du doigt un cocktail explosif : l’insécurité chronique paralyse l’accès aux champs, empêchant les familles de cultiver leur nourriture. Parallèlement, les humanitaires peinent à atteindre ces zones instables, privant les populations d’aide vitale. Imaginez un organisme privé de ses défenses immunitaires : c’est précisément ce qui arrive à ces communautés coupées de tout soutien extérieur.
Les conséquences vont bien au-delà de la malnutrition infantile. Les centres de santé de Lukweti, théoriquement capables de prendre en charge ces cas critiques, manquent cruellement d’intrants thérapeutiques. Pire encore, cette carence alimentaire ouvre la porte à d’autres fléaux : paludisme et infections respiratoires connaissent une hausse inquiétante, créant un effet domino sanitaire. Comment briser ce cercle vicieux dans une région où chaque jour compte pour sauver des vies ?
Face à cette crise humanitaire, les acteurs locaux se mobilisent. Des discussions sont en cours avec Médecins Sans Frontières (MSF) pour organiser une intervention d’urgence. Mais les besoins dépassent largement les capacités d’une seule organisation. Les responsables sanitaires lancent un appel pressant à tous les partenaires de la santé : “Nous avons besoin de soutien nutritionnel immédiat et de médicaments essentiels pour éviter le pire”, plaide un agent de santé sur place. Le temps presse comme dans une course contre la montre où chaque minute perdue aggrave le pronostic des enfants.
Cette urgence nutritionnelle dans le Nord-Kivu doit servir de signal d’alarme national. Renforcer la sécurité pour permettre l’accès aux champs et aux humanitaires, approvisionner d’urgence les centres de santé en intrants thérapeutiques, mobiliser des partenaires supplémentaires – voilà le traitement d’urgence requis. Car derrière les statistiques se cachent des visages d’enfants dont la survie dépend de notre réaction collective. La malnutrition infantile en RDC n’est pas une fatalité, mais elle exige une réponse à la hauteur de l’urgence sanitaire que traverse le Masisi.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net