« Je n’arrive plus à nourrir ma famille depuis février », confie Jean-Bosco, agent municipal les mains tremblantes d’émotion. Comme des milliers de fonctionnaires kinois, il vient d’apprendre une nouvelle qui change tout : le gouvernement provincial va enfin payer trois mois d’arriérés de salaires et primes. Une bouffée d’oxygène dans une administration publique étranglée par la crise salariale en RDC.
Ce mardi 8 juillet 2025 restera gravé dans les mémoires des agents de l’administration publique urbaine. Après des mois de tensions sociales exacerbées, l’exécutif provincial dirigé par le gouverneur Daniel Bumba Lubaki a cédé aux pressions syndicales. Lors d’une réunion cruciale avec l’intersyndicale conduite par le vice-gouverneur Eddy Iyeli Molangi, la décision a été actée : le paiement des salaires couvrant trois mois débutera dès ce mercredi 9 juillet. Combien de familles ont sombré dans la misère en attendant ce jour ?
La déclaration officielle précise que chaque agent percevra intégralement ses dus, primes incluses. Une mesure d’urgence face à la détresse palpable dans les bureaux décrépis de la capitale. « Quand ton enfant tombe malade et que tu ne peux même pas acheter des médicaments à 5 000 francs, c’est l’humiliation totale », raconte Madeleine, secrétaire administrative. Ces mots résonnent comme un triste refrain dans la crise salariale qui mine Kinshasa depuis des trimestres.
Derrière cette annonce se cache un bras de fer syndical acharné. Les partenaires sociaux ont multiplié les ultimatums face à un gouvernement provincial accusé d’inertie. Les dernières négociations ont tourné à la course contre la montre : comment éviter l’explosion sociale quand les fonctionnaires survivent avec moins de 2$ par jour ? Cette avancée soulève pourtant une question cruciale : ce versement salarial exceptionnel suffira-t-il à restaurer la confiance ?
Le gouverneur Lubaki promet désormais un changement structurel. « Nous œuvrons pour un paiement régulier des salaires et une collaboration renforcée avec les syndicats », assure-t-il. Un engagement qui sonne comme un aveu des dysfonctionnements passés. Car la précarité des agents publics a des répercussions en cascade : écoles sans craie, hôpitaux sans bandages, quartiers sans éclairage. Quand ceux qui font tourner la ville ne peuvent plus se payer un sac de charbon, toute la machine sociale grippe.
Cette décision du gouvernement provincial ouvre une lueur d’espoir, mais le chemin reste semé d’embûches. Si les primes sont effectivement versées comme annoncé, des milliers de familles kinoises retrouveront un semblant de dignité. Mais gare aux lendemains qui déchantent : sans réforme profonde de la gestion publique, cette mesure risque de n’être qu’un pansement sur une fracture béante. La vraie victoire sera quand les fonctionnaires congolais n’attendront plus les camions blindés pour savoir s’ils mangeront demain.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd