Le Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) tire la sonnette d’alarme face à l’enlisement de la crise politique congolaise. Sous l’impulsion de son président Joseph Olenghankoy, l’institution réclame d’urgence un dialogue national inclusif, seul rempart crédible contre l’effritement de la cohésion sociale. Dans un contexte sécuritaire volatile, cette initiative se veut un antidote aux fractures multiformes qui minent la République démocratique du Congo.
Le communiqué du CNSA, rendu public mercredi, esquisse une feuille de route exigeante : reprise immédiate d’échanges francs entre le gouvernement, l’opposition, la société civile et les groupes armés. Joseph Olenghankoy insiste sur l’application « effective et réciproque » des mesures de décrispation politique, jetant ainsi un pavé dans la mare des acteurs accusés de duplicité. Mais comment garantir cette réciprocité lorsque la confiance s’érode quotidiennement ? Le président du Conseil fustige cette défiance grandissante entre Congolais, déplorant au passage l’internationalisation systématique des conflits internes. « L’exposition de nos divergences aux États étrangers fragilise notre capacité à nous assumer », assène-t-il, dans une critique voilée des ingérences extérieures.
L’opérationnalisation de cette démarche passe par une mission périlleuse : une délégation du CNSA s’apprête à gagner Goma et Bukavu, fiefs rebelles du Kivu. Olenghankoy sollicite à cet effet l’appui logistique de la MONUSCO et la prise en charge financière du Gouvernement congolais – un subtil test de crédibilité pour Kinshasa. Ce déplacement symbolique cristallise les espoirs d’une relance de la dynamique nationale, mais soulève aussi des questions brûlantes : les autorités oseront-elles s’engager pleinement, ou préféreront-elles les atermoiements habituels ?
En convoquant l’esprit de Sun City, Olenghankoy rappelle que le dialogue entre Congolais a déjà fait ses preuves. L’accord historique de 2002 sert ici de boussole stratégique, un modèle endogène opposé aux solutions importées. Cette référence n’est pas innocente : elle pointe l’échec des approches actuelles tout en proposant un cadre éprouvé. Le CNSA joue donc un rôle de catalyseur dans une partie d’échecs politique où chaque camp campe sur ses positions. Mais à l’heure où la tension sécuritaire atteint des sommets, cette médiation congolaise représente-t-elle la dernière chance d’éviter l’implosion ?
La balle est désormais dans le camp des parties prenantes. Si le dialogue national en RDC échoue à se concrétiser, le spectre d’une fragmentation accrue du territoire plane plus que jamais. Olenghankoy, en vieux briscard de la politique congolaise, mise sur la mémoire collective des succès passés pour forcer l’adhésion. Mais dans un pays où les rancœurs l’emportent souvent sur la raison d’État, le chemin vers la table des négociations s’annonce semé d’embûches. L’efficacité de la CNSA se mesurera à sa capacité à transformer ce plaidoyer en actes tangibles – ultime rempart contre la déliquescence institutionnelle.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net