Une alerte sanitaire de grande ampleur secoue le territoire de Ngandanjika dans la province de Lomami, où les autorités sanitaires ont recensé 28 cas suspects de choléra accompagnés de trois décès en seulement quatorze jours. Cette flambée épidémique, principalement concentrée dans l’aire de santé de Mande, à 12 kilomètres du centre de Ngandanjika, suscite une inquiétude croissante face à sa progression rapide.
Le Dr René Lumbala, médecin chef de la zone de santé de Mulumba, confirme une évolution alarmante : « Depuis la 24e semaine, deux cas initiaux ont été signalés à Mande. La semaine suivante, ce chiffre est passé à une dizaine, puis a dépassé les treize cas lors de la 26e semaine. Bien que non encore confirmés en laboratoire, les échantillons ont été expédiés d’urgence à Kinshasa ». Cette accélération exponentielle fait craindre une crise sanitaire majeure dans cette région déjà vulnérable.
Comment expliquer cette propagation foudroyante ? Comme une traînée de poudre, le choléra se nourrit des conditions précaires d’accès à l’eau potable et des infrastructures d’hygiène défaillantes. Le territoire de Ngandanjika, à l’instar de nombreuses zones rurales du Kasaï Oriental et de la Lomami, présente un terrain idéal pour la bactérie Vibrio cholerae. L’absence de latrines adéquates et la consommation d’eau non traitée transforment les cours d’eau et puits locaux en véritables bombes à retardement épidémiques.
Face à cette urgence, les équipes médicales assurent une prise en charge gratuite des patients mais tirent la sonnette d’alarme sur un manque criant de ressources. « Nous faisons face à une insuffisance dramatique d’intrants et de matériel médical », déplore le Dr Lumbala. Cette pénurie compromet gravement la capacité de réponse alors que chaque minute compte pour sauver des vies : la déshydratation extrême causée par le choléra peut tuer un adulte en moins de 24 heures sans traitement approprié.
Quels réflexes adopter face à cette menace invisible ? Les autorités sanitaires insistent sur trois mesures vitales : bouillir systématiquement l’eau de consommation, se laver les mains au savon avant chaque repas, et signaler immédiatement tout symptôme suspect (diarrhées aqueuses brutales, vomissements incoercibles). Ces gestes simples constituent la première barrière contre la propagation. « Dès les premiers signes, la population doit se rendre sans délai dans les centres de santé les plus proches », rappelle le médecin chef.
Cette nouvelle flambée intervient dans un contexte national préoccupant où le choléra a déjà causé plus de 750 décès au cours des six derniers mois selon les derniers bilans épidémiologiques. La province du Kasaï Oriental, dont fait partie la Lomami, reste particulièrement exposée en raison de sa faible couverture en infrastructures sanitaires de base. Les spécialistes soulignent qu’une réponse coordonnée incluant un approvisionnement d’urgence en sels de réhydratation orale, des campagnes de chloration de l’eau et une surveillance communautaire renforcée pourrait inverser la tendance.
En attendant des renforts médicaux, la population locale vit dans l’angoisse quotidienne. Les trois premiers décès enregistrés illustrent tragiquement la rapidité avec laquelle cette maladie hydrique peut frapper. Les familles concernées décrivent des descentes aux enfers en quelques heures seulement, un scénario malheureusement trop familier dans les zones reculées de la RDC. Cette crise sanitaire à Ngandanjika sonne comme un rappel cruel : sans accès universel à l’eau potable et à l’assainissement, le spectre du choléra continuera de hanter les communautés les plus fragiles du pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
