La forêt congolaise, ce poumon vert vital pour la planète, étouffe sous la pression d’un ennemi insidieux : le charbon de bois traditionnel. Chaque jour, des milliers d’hectares partent en fumée pour alimenter les foyers urbains, creusant les cicatrices de la déforestation. Mais ce lundi 7 juillet 2025, une lueur d’espoir a jailli au Pullman Hôtel de Kinshasa où la GIZ a lancé officiellement le projet ChaBoDu – Charbon de Bois Durable. Financé par l’Allemagne, ce projet pilote vise à révolutionner la chaîne de valeur énergétique dans le Sud-Kivu et le Maniema, deux provinces en première ligne de la crise écologique.
Comment concilier besoins énergétiques urgents et préservation des écosystèmes ? Le défi est colossal. En République Démocratique du Congo, plus de 90% des ménages urbains dépendent du charbon de bois, carburant quotidien d’une déforestation anarchique. Le projet ChaBoDu, porté par le ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD), propose une réponse structurelle. Olaf Handloegten, Directeur Résident de la GIZ en RDC, martèle l’urgence : « Nous créons les conditions réglementaires et économiques pour une production durable. Réduire la pression sur les forêts n’est plus une option, mais une nécessité vitale. »
Cette initiative marque un tournant historique : c’est le premier engagement formel de la GIZ dans les énergies renouvelables en RDC. L’atelier de cadrage a scellé l’accord entre tous les acteurs – gouvernement, société civile, secteur privé et partenaires techniques. Benjamin Toirembe, Secrétaire Général du MEDD, souligne l’alignement avec les engagements internationaux : « ChaBoDu concrétise notre deuxième lettre d’intention avec l’Initiative CAFI. L’objectif? Réduire de moitié le bois-énergie non durable dans les villes d’ici 2031 et distribuer 3 millions de foyers améliorés. » Des chiffres qui sonnent comme un ultimatum face à l’urgence climatique.
Mais ChaBoDu ne se contente pas de lutter contre la déforestation. Le projet, piloté par le bureau d’étude Niras DFS, tisse une approche holistique où protection environnementale rime avec justice sociale. Il s’agit de transformer la filière charbon en levier économique vert : création d’emplois durables, développement des communautés locales, réduction des émissions de CO₂. La GIZ mise sur un modèle circulaire où chaque sac de charbon durable préserve la biodiversité tout en nourrissant l’économie.
Le Sud-Kivu et le Maniema, laboratoires de cette transition, incarnent tous les enjeux. Ces provinces aux forêts luxuriantes sont paradoxalement menacées par la précarité énergétique. Le projet Charbon durable Congo y expérimentera des solutions intégrées : plantations dédiées, techniques de carbonisation efficaces, circuits de distribution formalisés. Une bataille menée sur le terrain avec un allié inattendu : l’innovation réglementaire. Car sans cadre légal solide, toute avancée reste fragile.
La forêt du Bassin du Congo, deuxième poumon vert mondial, retient son souffle. Chaque minute perdue accélère sa dégradation. Avec ChaBoDu, la RDC envoie un signal fort : la transition énergétique est en marche. Mais le temps presse. Les succès du Sud-Kivu et du Maniema devront essaimer rapidement. Car protéger ces écosystèmes, c’est préserver notre bouclier climatique global. L’espoir est permis, à condition que les engagements se transforment en actions tangibles. La survie de nos forêts se joue maintenant, ici, dans ces projets concrets qui allument une lueur dans l’ombre de la déforestation.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd