De retour de la 12ᵉ conférence des gouverneurs à Kolwezi, Crispin Mukendi, chef de l’exécutif provincial du Kasaï, a dévoilé dimanche un plan ambitieux qui pourrait redéfinir le paysage économique de sa région. Devant la presse à Tshikapa, le gouverneur a annoncé la construction d’infrastructures structurantes, jetant dans le même temps un pavé dans la mare politique en liquidant l’héritage de son prédécesseur.
Parmi les projets phares figure la modernisation de l’aéroport international de Tshikapa, un nœud stratégique pour désenclaver la province. Mais l’ambition ne s’arrête pas là : le bâtiment administratif du gouvernorat, l’hôpital général de référence du Kasaï et la résidence officielle du gouverneur complètent ce programme d’envergure. Une feuille de route qui, si elle se concrétise, répondrait à des besoins criants en matière de connectivité et de services publics dans cette région souvent marginalisée.
Le ton est pourtant monté d’un cran lorsque le gouverneur Mukendi s’est emporté contre les réalisations de Dieudonné Piemé, son prédécesseur. « J’ai suivi mon prédécesseur dire qu’il a laissé des projets en cours », a-t-il ironisé devant les journalistes, avant de lancer cette pique assassine : « Est-ce qu’il est important de suivre un élève qui, dans toutes les leçons, a réalisé 2 sur 10 comme modèle ? ». Une condamnation sans appel des projets antérieurs, qualifiés sans ambages d’« inutiles ». Faut-il y voir une stratégie pour s’affranchir de toute continuité administrative ou simplement un règlement de comptes politique ?
Dans cette province où les défis infrastructurels s’accumulent, Mukendi mise sur un financement interne. Dès août prochain, il entamera une tournée dans tous les territoires du Kasaï pour plaider la cause du recouvrement fiscal. « La population doit payer les taxes et impôts dus à la province », a-t-il insisté, présentant cette contribution citoyenne comme le carburant indispensable à son programme d’actions. Un appel solennel qui interroge : les Kasaïens accepteront-ils de puiser dans leurs poches pour des promesses qui peinent encore à se matérialiser ?
Entre ambitions affichées et règlements de comptes politiques, le gouverneur joue sa crédibilité sur un double front. La modernisation des infrastructures Tshikapa, particulièrement l’aéroport international, constituera le premier test tangible de sa capacité à transformer l’essai. Mais sa diatribe contre Piemé risque aussi de polariser le paysage politique local. L’efficacité de sa tournée prochaine pour mobiliser les recettes fiscales provinciales déterminera si ce vaste chantier restera un vœu pieux ou deviendra la colonne vertébrale du développement du Kasaï.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net