Une coalition sans précédent de plus de 2 500 organisations non gouvernementales de défense des droits humains (ONGDH) a lancé un appel pressant pour l’application effective de la justice transitionnelle en République démocratique du Congo. Dans une déclaration conjointe rendue publique ce 5 juillet, ces structures ont réaffirmé leur soutien indéfectible aux victimes des conflits armés qui ravagent le pays depuis plusieurs décennies, dénonçant avec vigueur l’impunité persistante et l’absence de réparation.
Les signataires ont insisté sur l’indispensable mise en place des quatre piliers fondamentaux de la justice transitionnelle : l’établissement de la vérité historique, l’accès à une justice équitable, la réparation intégrale des préjudices subis et des garanties solides de non-répétition des violences. Ces exigences s’inscrivent dans le cadre des obligations constitutionnelles et internationales de l’État congolais, régulièrement rappelées par les mécanismes de protection des droits de l’homme.
Patient Bashombe, président du Comité de crise de la société civile pour la paix et la sécurité en RDC, a précisé lors d’une intervention que le dialogue national inclusif actuellement envisagé ne saurait constituer une récompense pour les belligérants. Pour cet activiste chevronné, ces pourparlers doivent plutôt aboutir à un consensus national sur la cohésion sociale et l’organisation d’élections crédibles, permettant ainsi de tourner la page des cycles de violence.
La demande phare de ce plaidoyer collectif concerne la création urgente de chambres mixtes spécialisées, conformément aux recommandations du rapport Mapping publié par les Nations Unies en 2010. Ce document historique avait minutieusement documenté les violations graves des droits humains commises entre 1993 et 2003, préconisant des mécanismes judiciaires hybrides pour lutter contre l’impunité. Les ONG exhortent avec insistance la communauté internationale – notamment l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne et les pays partenaires – à apporter un soutien technique et financier décisif à cette initiative.
Cette prise de position marque une étape cruciale dans le long combat pour la justice transitionnelle en RDC, alors que des millions de victimes attendent toujours reconnaissance et réparation. Les organisations signataires soulignent que la crédibilité du processus de paix dépendra de la mise en œuvre concrète de ces revendications, sans lesquelles aucun développement durable ne pourra s’enraciner. La balle est désormais dans le camp des autorités congolaises et de leurs partenaires internationaux, qui devront traduire ces exigences en actions tangibles.
Comment les instances concernées répondront-elles à cette mobilisation historique de la société civile ? La question demeure ouverte alors que persistent des défis majeurs, notamment la sécurisation des régions en conflit et l’indépendance du système judiciaire. Les prochaines semaines seront déterminantes pour évaluer l’engagement réel des parties prenantes en faveur d’une paix durable fondée sur le droit et la reconnaissance des souffrances endurées par les populations civiles.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net