Les cris d’effroi ont résonné dans tout le quartier lorsque les premières flammes ont léché les fûts d’essence. « J’ai cru que ma dernière heure était arrivée », confie Mukendi, propriétaire du dépôt de carburant de Kongolo, les bras encore bandés après son sauvetage in extremis. Dimanche 6 juillet, une simple cigarette jetée négligemment par un client a transformé ce lieu de stockage en brasier infernal, consumant une centaine de fûts d’essence et plus de 4 000 litres de gasoil. Cette catastrophe Kongolo 2024 s’inscrit dans une inquiétante série : le cinquième incendie dépôt carburant Kongolo en moins d’un an.
Le feu Tanganyika RDC n’a pas épargné les bâtiments voisins. En quelques minutes, les flammes ont englouti un dépôt de planches, le bureau d’une association locale, puis se sont propagées à une maison d’habitation et un atelier de soudure. « C’est un miracle qu’il n’y ait pas de morts », murmure un voisin, le regard encore hanté par les images du sinistre. Les pompiers, dépourvus de moyens adaptés, ont assisté impuissants à la destruction totale du site.
Cette tragédie soulève une question brûlante : pourquoi Kongolo, cité de la province du Tanganyika, en est-elle réduite à un stockage essence résidentiel aussi dangereux ? La réponse est amère : la seule station-service de la ville est un chantier fantôme, en construction depuis des années. « Nous n’avons pas le choix », explique une habitante. « Le carburant est vendu dans des arrière-cours, près des écoles, à côté des cuisines… Nous vivons entourés de bombes. »
Le drame de dimanche dernier n’est malheureusement pas isolé. Quatre autres dépôts ont été réduits en cendres depuis janvier 2024, chaque fois avec la même terrifiante rapidité. La sécurité carburant Kongolo apparaît comme un mirage dans cette région où l’économie informelle supplée les carences de l’État. « Quand allez-vous enfin nous protéger ? », interpelle un jeune père de famille dont la maison a frôlé la destruction. Cette accumulation d’incendies transforme les quartiers en poudrières ambulantes, où une étincelle suffit à menacer des vies.
Derrière les décombres encore fumants, c’est tout un modèle de société qui s’interroge. L’absence d’infrastructures pousse les habitants à prendre des risques mortels pour leur survie économique. Jusqu’à quand la population devra-t-elle choisir entre se chauffer et rester en vie ? Les autorités locales promettent une enquête, mais les Kongolais attendent plus que des paroles. Ils réclament des solutions concrètes avant que le sixième incendie ne fasse, cette fois, des victimes. Cette catastrophe répétée n’est-elle pas le signal d’alarme ultime pour repenser d’urgence la distribution des produits pétroliers dans les zones dépourvues de services essentiels ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net