Kindu, épicentre d’un débat qui pourrait redéfinir la représentation politique congolaise, a accueilli un forum provincial sur la démocratie aux conclusions aussi audacieuses qu’inattendues. Sous l’impulsion de l’ONG Mangembo, les participants ont lancé un pavé dans la mare institutionnelle : exiger la cooptation systématique des peuples autochtones au sein des assemblées provinciales. Une proposition qui soulève une question fondamentale : la République Démocratique du Congo peut-elle enfin concrétiser son idéal d’inclusion politique en intégrant ces communautés historiquement marginalisées ?
Le révérend-pasteur Jacques Samine Mungwetu, coordonnateur de l’ONG initiatrice, a défendu cette mesure avec une véhémence mesurée. « Il s’agit de corriger une injustice structurelle », a-t-il affirmé, rappelant que ces populations, bien que premières habitantes du sol congolais, restent les grandes absentes des arènes décisionnelles. Ce plaidoyer pour une représentation autochtone en RDC s’accompagne d’une autre innovation : une révision radicale du système d’attribution des sièges provinciaux. Le forum propose qu’au moins un siège sur deux dans chaque circonscription soit réservé à une femme ou une personne en situation de handicap, une mesure d’inclusion politique au Congo sans précédent.
Mais l’analyse ne s’arrête pas aux propositions d’avenir. D’une main de fer recouverte d’un gant de velours, le pasteur Mungwetu a pointé les dysfonctionnements électoraux de 2023 qui ont entaché le processus démocratique. Disparitions mystérieuses de données électorales, détérioration inexpliquée des cartes d’électeurs : autant d’« irrégularités » que le gouvernement se doit de corriger d’urgence. « Sans crédibilité électorale, toute réforme de représentation devient un château de sable », a-t-il lancé, dans une critique à peine voilée de l’appareil étatique. Cette mise en garde résonne comme un avertissement à l’approche des prochains scrutins.
Ce forum sur la démocratie au Maniema dévoile ainsi les failles béantes d’un système qui peine à incarner ses principes fondateurs. Les organisateurs appellent à une refonte complète de l’ingénierie électorale congolaise, insistant sur l’urgence de « corriger ces irrégularités » tout en intégrant les réalités locales. La balle est désormais dans le camp des autorités : sauront-elles saisir cette opportunité pour construire une démocratie réellement représentative, ou ces propositions rejoindront-elles le cimetière des rapports oubliés ? L’enjeu dépasse le simple rééquilibrage des sièges provinciaux ; c’est la légitimité même des institutions congolaises qui se joue dans cette quête d’inclusion.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net