Dans une intervention cinglante, la Synergie des femmes pour la paix et la sécurité jette un pavé dans la mare des diplomates. L’organisation, analysant les mécanismes de l’accord paix RDC Rwanda, souligne avec une ironie mordante que les véritables architectes de la réconciliation restent confinés dans l’antichambre des décisions. Son communiqué du 8 juillet, véritable réquisitoire contre l’exclusion, pointe du doigt les cercles fermés de Washington et Doha où se joue pourtant le destin de millions de Congolais.
Comment imaginer, interroge la Synergie femmes paix, bâtir une paix pérenne sans celles qui en portent le fardeau quotidien ? L’ONG rappelle que les femmes congolaises, premières victimes des conflits à l’Est, demeurent paradoxalement écartées des tables de négociation. Un aveuglement stratégique qui, selon elle, sape les fondations mêmes de l’accord de Washington. « Une paix conçue dans l’entre-soi des chancelleries risque fort de n’être qu’un château de sable face aux marées des réalités locales », glisse-t-on dans les couloirs de l’organisation.
Le plaidoyer pour l’inclusion processus paix prend ici des allures de manifeste révolutionnaire. La Synergie exige des sièges réservés pour les représentantes de la société civile, les leaders communautaires et la jeunesse – ces « forces vives trop longtemps réduites au silence ». Sans cette pluralité des voix, prévient-elle, les résolutions resteront lettres mortes, incapables de répondre aux aspirations profondes des populations meurtries des Grands Lacs. La question fuse, imparable : les diplomates croient-ils vraiment pouvoir imposer d’en haut une réconciliation qu’ils ne vivent pas ?
Pourtant, l’organisation reconnaît dans l’accord un tournant historique. Ce texte, affirme-t-elle, pourrait sceller la fin de décennies de sang versé s’il s’ancre dans une dynamique participative. Mais les actuels dialogue Washington Doha, qualifiés de « forteresses d’exclusion », font naître un scepticisme croissant. En marginalisant les acteurs de terrain, ne prépare-t-on pas l’échec programmé de la réconciliation Grands Lacs ? Les femmes de l’Est, relève amèrement la Synergie, observent ces pourparlers lointains avec l’amer sentiment d’être une fois encore les grandes oubliées de l’histoire.
L’avertissement sonne comme un ultimatum aux facilitateurs internationaux : la crédibilité du processus repose désormais sur un rééquilibrage urgent des représentations. Car derrière les cartes diplomatiques se jouent des destins individuels – ces millions de déplacés rêvant de retrouver leurs foyers, ces mères espérant offrir à leurs enfants un avenir délivré de la peur. La Synergie femmes paix lance ainsi un appel à repenser radicalement la gouvernance de la paix : et si la clé de la stabilité résidait enfin dans l’écoute de celles qui la tissent au quotidien dans l’ombre ? Le prochain chapitre de la pacification régionale dépendra de cette réponse.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net