Nzanza suffoque, ses canalisations transformées en dépotoirs de plastique. Chaque saison des pluies, le quartier matadiote sombre sous les flots, victime d’une pollution plastique au Kongo Central devenue étouffante. Ce lundi 7 juillet, au rond-point Belvédère, une lueur d’espoir a jailli : le lancement d’une campagne vitale de gestion des déchets plastiques à Matadi.
Menée par le conseiller communal Chito Bugwalanga Mazo, en partenariat avec l’entreprise Chinelvie Mystère, l’opération frappe fort dès les premières heures. Deux gîtes débordant de sachets collectées en un seul matin ! Ces montagnes de plastique, naguère promise à obstruer les caniveaux, prendront bientôt une seconde vie sous forme de pavés écologiques en RDC. Une alchimie urbaine qui transforme le poison environnemental en rempart contre les inondations.
« Le plastique tue nos quartiers deux fois », martèle Bugwalanga. « D’abord en empoisonnant nos sols, ensuite en provoquant des inondations meurtrières à Nzanza lorsque les eaux n’ont plus d’issue ». Les images des dernières crues hantent encore les mémoires : maisons submergées, rues transformées en torrents de boue. Un cercle vicieux où les déchets plastiques obstruent les écoulements, aggravant chaque épisode pluvieux.
L’initiative repose sur un double front : collecter massivement ces déchets envahissants tout en éduquant les populations au tri sélectif. Car comment briser le cycle sans une prise de conscience collective ? La campagne de sensibilisation environnementale cible précisément ce changement de comportement. « Chaque sachet jeté dans la rue est une future inondation dans votre salon », rappellent les animateurs sur le terrain.
Mais l’urgence dépasse Nzanza. L’appel du conseiller résonne comme un signal d’alarme aux autorités provinciales : « Sans soutien financier durable, comment étendre ce modèle à tous les quartiers de Matadi ? ». Les besoins sont criants : ateliers de transformation à déployer, bennes de collecte supplémentaires, brigades de sensibilisation permanentes.
Le partenariat avec Chinelvie Mystère ouvre pourtant une voie prometteuse. Leur expertise dans le recyclage des pavés écologiques offre une solution concrète, circulaire et locale. Ces dalles fabriquées à partir de plastique compacté présentent un double avantage : elles assainissent l’environnement tout en créant des revêtements urbains résistants. Un exemple rare où écologie rime avec développement infrastructurel.
La question brûle les lèvres : combien de Nzanza devront encore subir les inondations avant une mobilisation générale ? Car derrière chaque canalisation bouchée se cachent des vies perturbées, des économies familiales englouties. Le plastique étouffe Matadi, mais ses enfants lui offrent aujourd’hui un sursis. Reste à savoir si cette étincelle citoyenne embrasera suffisamment les consciences pour transformer l’essai en révolution verte durable.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net