Dans un mouvement visant à clarifier le paysage religieux congolais, le ministre ad intérim de la Justice, Samuel Mbemba, a officiellement acté ce lundi 7 juillet la suppression du controversé Folio 92. Cette décision, annoncée lors d’une série d’audiences avec les responsables des églises de réveil, marque un tournant dans la gestion des cultes en République démocratique du Congo. Le F92, longtemps critiqué comme un simple accusé de réception bureaucratique, laissait des centaines d’églises dans un flou juridique préjudiciable à la transparence.
Les réformes églises RDC dévoilées par Mbemba s’articulent autour d’un principe cardinal : désormais, « l’existence légale d’une église passe nécessairement par sa reconnaissance juridique pleine et entière », comme l’a souligné le bishop Bravo à l’issue des échanges. Cette exigence de personnalité juridique cultes sonne-t-elle le glas des organisations religieuses fantômes ? La mesure vise explicitement à éradiquer les structures opaques, tout en responsabilisant les confessions dans leur fonctionnement quotidien.
Au-delà de la suppression Folio 92, le ministre a abordé deux dossiers sensibles : l’épineuse question du passeport diplomatique pour certains dignitaires religieux et la définition d’une ligne de conduite contraignante. Ces sujets, traités lors de rencontres successives avec des délégations menées notamment par le pasteur Emmanuel Kazadi et l’évêque Albert Kankienza Mwana Mbo, révèlent la volonté gouvernementale d’encadrer strictement le réveil religieux Congo. Kazadi s’est félicité de cette « mise en œuvre des résolutions des États généraux de la justice », y voyant un intérêt partagé entre l’État et les églises.
L’évêque Kankienza a pour sa part insisté sur l’impératif du « respect des lois de la République », un rappel à l’ordre implicite aux églises récalcitrantes. Son homologue Israël Dodo Kamba, dernier reçu dans cette marathonienne journée, a abondé dans ce sens : « Fonctionner dans un pays régi par des lois impose naturellement la conformité de nos institutions religieuses ». Ces déclarations convergentes masquent-elles des tensions sous-jacentes ? Si la communication officielle affiche un consensus, la rapidité de la réforme interroge sur ses motivations profondes.
Samuel Mbemba justice semble jouer une partition stratégique, lui qui multiplie les consultations depuis quelques semaines, après s’être entretenu avec les syndicats de magistrats. Cette séquence révèle-t-elle une tentative de consolidations des institutions devant les défis sécuritaires et sociaux ? Le ministre parie sur une normalisation accélérée du secteur religieux, mais gare aux résistances : l’abolition du F92 pourrait déstabiliser des centaines de communautés incapables de satisfaire aux nouvelles exigences légales. L’équilibre entre régulation étatique et liberté de culte demeure un filet sur lequel marche le gouvernement, tandis que la crédibilité de Samuel Mbemba se joue dans cette épineuse réforme.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net