La suspension brutale du financement USAID en RDC provoque une onde de choc dans le secteur sanitaire du Nord-Kivu, où des milliers de personnes vulnérables se retrouvent soudainement privées de soins essentiels. Aubin Mongili, coordonnateur provincial du Programme national multisectoriel de lutte contre le Sida (PNMLS), tire la sonnette d’alarme : cet arrêt d’aide humanitaire menace directement la prise en charge des survivants de violences sexuelles et des patients vivant avec le VIH, créant un terreau fertile pour une recrudescence épidémique.
Comment une décision administrative à des milliers de kilomètres peut-elle bouleverser des vies congolaises ? Les projets d’appui sanitaire financés par l’agence américaine constituaient un pilier invisible mais vital. « C’était un coup de tonnerre », confie Mongili, décrivant l’impact immédiat sur trois groupes critiques : les personnes vivant avec le VIH privées de soutien nutritionnel, les tuberculeux, et les co-infectés VIH/tuberculose. Sans cet appui, c’est toute une chaîne de soins qui risque de s’effondrer.
Les données révèlent une urgence silencieuse : parmi les femmes survivantes de violences sexuelles au Nord-Kivu, 10 à 12% sont exposées au VIH. Ces chiffres glaçants illustrent le double fléau qui frappe une province déjà meurtrie. « Si cette catégorie n’est plus prise en charge, nous favorisons sournoisement la propagation du virus », insiste le coordonnateur. Imaginez un barrage qui cède soudainement : l’arrêt du financement USAID en RDC pourrait libérer un flux de nouvelles contaminations.
Quelles conséquences concrètes redouter ? La prévalence du VIH au Congo, particulièrement dans cette région instable, risque de grimper en flèche. Les programmes de prévention, dépistage et traitement antirétroviral, fragilisés par ce retrait, pourraient laisser des milliers de patients sans suivi médical. Les survivantes de violences sexuelles, déjà traumatisées, perdraient l’accès aux traitements post-exposition et au soutien psychologique essentiels.
Le scénario catastrophe décrit par Mongili repose sur une équation implacable : moins de dépistage + moins de traitements = plus de transmission. « Ces deux aspects suffisent à mesurer le dégât colossal pour notre communauté », prévient-il. La suspension de l’aide sanitaire au Nord-Kivu intervient dans un contexte où seulement 67% des adultes vivant avec le VIH en RDC suivent un traitement antirétroviral selon les dernières estimations.
Face à cette crise annoncée, quelles solutions envisager ? Le PNMLS plaide pour une mobilisation urgente des partenaires locaux et internationaux afin de combler ce vide financier. Des mécanismes de relais doivent être trouvés dans les prochaines semaines sous peine de voir des années de progrès sanitaires réduites à néant. La pérennité des structures communautaires et le maintien des approvisionnements en médicaments deviennent des priorités absolues.
Cette situation pose une question fondamentale : peut-on accepter qu’une décision budgétaire compromette des vies humaines et annule des avancées médicales durement acquises ? L’arrêt du financement USAID crée non seulement une rupture dans les soins mais fragilise l’ensemble du système sanitaire provincial. La communauté internationale et les autorités congolaises doivent trouver d’urgence une réponse coordonnée avant que cette interruption d’aide ne se transforme en catastrophe sanitaire aux conséquences irréversibles pour le Nord-Kivu.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
