Le docteur Paluku Musumba Obadi, médecin chef de zone de Karisimbi, a succombé à ses blessures ce samedi 5 juillet à Nairobi, au Kenya. Ce décès intervient après une agression armée survenue le 26 mai dernier à son domicile du quartier Virunga à Goma, selon des sources médicales confirmées par la division provinciale de la santé du Nord-Kivu.
Le docteur Biya Nkizinkiko Robert, récemment nommé chef de division par l’AFC-M23, a reconnu le décès sans fournir de détails supplémentaires sur les circonstances exactes de cette disparition. Cette confirmation officielle intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu pour les professionnels de santé de l’est de la République Démocratique du Congo.
Les faits remontent au soir du 26 mai, lorsque des individus non identifiés ont fait irruption au domicile du médecin vers 19 heures. Grièvement touché par des impacts de balle à la hanche, au dos et au pied gauche, le praticien avait été transporté en urgence à l’hôpital CBCA Virunga avant d’être transféré au CBCA Ndosho pour une intervention chirurgicale. Son état critique avait nécessité une médicalisation vers Nairobi, où il a finalement perdu la lutte pour sa vie.
Cette attaque s’inscrit dans une série de violences ciblant directement l’entourage du défunt médecin. Le 14 avril dernier, son chauffeur Kabuyaya Malimukono Jespère et son fils Tsongo Malimingi Amos avaient déjà été abattus lors d’une incursion armée à leur domicile du quartier Majengo. Ces assassinats successifs interrogent sur la sécurité des soignants dans la région du Nord-Kivu.
Face à cette nouvelle tragédie, l’ONG Sauvons la Corporation Médicale a exprimé son indignation par la voix de son coordonnateur, le docteur Bakandi Mbula Felly : « Nous exigeons des autorités politico-administratives de Goma des mesures concrètes et immédiates pour protéger nos collègues médecins et leurs familles. Une enquête rigoureuse doit être ouverte sans délai pour identifier et traduire en justice les commanditaires de ces assassinats ».
Le docteur Paluku Musumba Obadi était reconnu pour son engagement inlassable en faveur de l’accès aux soins dans la zone de santé de Karisimbi. Sa disparition prive la population d’un acteur majeur du système sanitaire local, dans une région où les violences contre les soignants compromettent gravement la dispensation des services médicaux essentiels.
Jusqu’à quand les professionnels de santé travailleront-ils sous la menace des armes dans l’est du Congo ? La question hante désormais les couloirs des hôpitaux de Goma où la communauté médicale réclame justice pour le docteur Musumba Obadi. Les autorités provinciales n’ont pour l’heure communiqué aucun dispositif sécuritaire renforcé spécifique aux personnels médicaux, malgré l’accumulation des drames.
Les prochaines étapes judiciaires s’annoncent cruciales pour élucider les circonstances de ce triple drame familial. Aucune revendication ni piste sérieuse n’a filtré concernant les motivations de ces attaques systématiques, laissant planer un climat de suspicion sur l’ensemble du corps médical du Nord-Kivu. L’enquête ouverte devra notamment déterminer si ces violences relèvent du banditisme ordinaire ou de représailles ciblées contre le système de santé local.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
