Dans les rues de Kolwezi, combien de personnes brandissent un carnet en criant « Je suis journaliste ! » pour soutirer de l’argent ou influencer indûment ? Cette réalité quotidienne a poussé la sous-section de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) du Lualaba à lancer samedi 5 juillet une vaste opération d’identification des journalistes et assimilés. Une initiative cruciale pour assainir la profession journalistique, mise à mal par la prolifération des « moutons noirs ».
« Cette opération consiste à purifier la corporation de toute présence parasitaire », déclare avec fermeté Narcisse Kabamba wa Umba, président de l’UNPC/Lualaba. Sous sa direction, l’équipe traque ces individus sans qualification ni éthique qui ternissent l’image des médias congolais. Ces faux professionnels, souvent armés de simples smartphones et de carnets factices, exploitent la crédibilité du quatrième pouvoir pour extorquer commerçants et administrations. Comment une profession vitale pour la démocratie peut-elle fonctionner lorsque n’importe qui usurpe son titre ?
Le phénomène dépasse largement Kolwezi : à Lubumbashi, la deuxième vice-présidente nationale de l’UNPC avait déjà lancé une opération similaire fin juin. Cette vague nationale de moralisation des médias au Congo répond à une urgence. Quand des imposteurs réclament des « frais de couverture » à des mineurs artisanaux ou monnaient leur silence auprès d’entreprises, c’est toute la chaîne de l’information qui se corrode. Les conséquences sont lourdes : méfiance du public, discrédit des reporters légitimes, et affaiblissement du contre-pouvoir médiatique.
L’identification stricte des journalistes à Kolwezi servira aussi de base aux futures élections des comités sectionnaires de l’UNPC. Un enjeu structurel pour renforcer la gouvernance interne du secteur. Mais au-delà de l’institution, c’est le lien social qui est en jeu. Dans une province minière stratégique comme le Lualaba, où les intérêts économiques colossaux exigent une information intègre, chaque faux journaliste est une brèche dans la vérité. Les citoyens méritent-ils d’être trompés par ceux-là mêmes censés les informer ?
Cette chasse aux imposteurs menée par l’UNPC Lualaba symbolise un combat plus vaste : restaurer la noblesse du journalisme en RDC. En éradiquant ces « moutons noirs », c’est l’ensemble du système médiatique congolais qui retrouvera peu à peu sa crédibilité. Le chemin sera long, mais chaque identification authentique est un pas vers des médias libres, professionnels et respectés – piliers indispensables d’une démocratie enracinée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net