Les cris déchirants des blessés résonnaient encore dans la nuit du vendredi 4 juillet lorsque les premiers secours sont arrivés sur ce virage maudit de la route nationale 1 Tshikapa. « J’ai vu le car faire une embardée avant de se coucher comme un animal fatigué », raconte Mukendi, témoin oculaire de l’accident RN1 Kasaï qui a coûté la vie à trois personnes entre les villages Kamona et Katalayi. L’autocar de la société Kangombe accident gisait sur le flanc, métal tordu et vitres éclatées, symbole cruel de l’insécurité routière RDC.
Selon plusieurs sources concordantes, l’excès de vitesse serait le principal responsable de cette tragédie survenue dans ce secteur réputé dangereux. « Ces chauffeurs foncent comme si la mort les attendait ailleurs », lance amèrement un habitant de Katalayi, les yeux rivés sur la trace de pneus qui s’achève brutalement dans le fossé. Les corps des victimes, rapidement identifiées par les autorités locales, ont été inhumés dès le lendemain dans une atmosphère de deuil collectif. Pendant ce temps, les blessés graves luttaient pour leur survie dans un centre de santé aux moyens limités, miroir des carences sanitaires provinciales.
Ce accident mortel Kamona n’est hélas pas un cas isolé. Combien de familles devront encore pleurer leurs enfants sur ces axes où la route devient coupe-gorge ? La RN1, colonne vertébrale économique du Kasaï, se transforme régulièrement en piège mortel à cause du mauvais état des chaussées, de la surcharge des véhicules et surtout de l’imprudence chronique des conducteurs. « Quand les contrôles techniques sont fictifs et que la corruption permet de décrocer son permis avec quelques billets, comment s’étonner des drames ? », interroge un activiste local sous couvert d’anonymat.
Le drame de la société Kangombe relance avec acuité le débat sur l’urgence de réformer la sécurité routière congolaise. Si les autorités provinciales promettent régulièrement des mesures, les faits concrets se font attendre. Faut-il installer des radars ? Former sérieusement les chauffeurs ? Ou simplement faire respecter le code de la route dans un pays où la loi semble souvent négociable ? Les habitants du Kasaï, eux, n’attendent plus les discours. Ils réclament des actes pour que cessent ces convois funèbres improvisés qui jalonnent leur route nationale 1 Tshikapa. Car chaque épave abandonnée au bord du chemin raconte une histoire brisée, une communauté meurtrie, et un pays qui laisse filer ses enfants dans l’indifférence des gravillons.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd