Le vice-Premier ministre congolais des Transports, Jean-Pierre Bemba, a officiellement lancé vendredi la renaissance du tronçon ferroviaire Kisangani-Ubundu, véritable colonne vertébrale économique de la Tshopo. Ce contrat de réhabilitation, scellé avec le consortium sud-coréano-congolais KECC-Masco Énergies, prévoit 36 mois de travaux sur les 115 kilomètres de rail à l’arrêt depuis 2019. Un projet structurant financé par Equity BCDC qui pourrait réduire de 40% les coûts de transport dans ce bassin agricole et minier.
Comment ce projet ferroviaire RDC va-t-il transformer l’économie régionale ? La signature marque la concrétisation du protocole d’accord visant à désenclaver le nord-est congolais, où la Société Nationale des Chemins de fer du Congo (SNCC) peine depuis des décennies. Les travaux débuteront dans 15 jours selon le cabinet ministériel, bien que le coût total du chantier reste encore non divulgué. Cette modernisation SNCC Tshopo intervient alors que seules deux locomotives sur quatre acquises en 2016 sont encore opérationnelles – les autres ayant été cannibalisées pour leurs pièces détachées, selon Alubu Shabani, directeur intérimaire.
La réhabilitation chemin de fer Kisangani s’attaque à un héritage colonial vieux de 120 ans. Depuis sa création en 1904, la ligne n’a connu aucune modernisation significative, conduisant à une paralysie totale du trafic voyageurs il y a cinq ans. Les dépôts de la SNCC ressemblent aujourd’hui à des cimetières de wagons hors d’usage, symbole d’un potentiel économique entravé. Ce tronçon Kisangani-Ubundu représente pourtant le lien vital entre le fleuve Congo et les richesses minières du Maniema.
Quels défis techniques attendent le consortium KECC Masco Énergies ? Outre le remplacement intégral des rails sur 115 km, le projet exigera la réhabilitation de six ponts métalliques et l’importation de nouveau matériel roulant. Les experts estiment que la remise à niveau pourrait générer 1 200 emplois directs durant la phase de construction, avant de relancer le transport de 50 000 tonnes de marchandises annuelles. Une bouffée d’oxygène pour les producteurs de café et cacao de l’Ubundu qui voient actuellement leurs coûts logistiques exploser.
Ce projet ferroviaire RDC s’inscrit dans une stratégie nationale plus large incluant le tronçon Kindu-Kalemie. Jean-Pierre Bemba a souligné que cette réhabilitation « n’est pas un simple chantier, mais le rétablissement d’une artère économique stratégique ». Si les 36 mois de travaux sont respectés, la ligne pourrait transporter ses premiers convois commerciaux dès 2027, réduisant de moitié le temps de parcours actuel par route. Un pari ambitieux pour un pays où seulement 15% du réseau ferré historique reste opérationnel.
La réussite de cette modernisation SNCC Tshopo conditionnera l’avenir du transport multimodal dans le Grand Est. Les investisseurs guettent particulièrement la pérennité des solutions techniques retenues face aux défis climatiques et sécuritaires de la région. Le consortium devra notamment installer des systèmes anti-vandalisme innovants après le démantèlement des précédentes locomotives. Une renaissance ferroviaire qui, si elle aboutit, pourrait servir de modèle pour la réhabilitation d’autres tronçons abandonnés du réseau national.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net