Imaginez des cliniques mobiles fermant leurs portes au milieu d’une épidémie de choléra. Des points d’eau abandonnés alors que la saison sèche s’intensifie. C’est la réalité quotidienne que vivent des millions de Congolais plongés dans la plus grave crise humanitaire de ces dernières années. Bruno Lemarquis, coordonnateur de l’action humanitaire en RDC, dresse un tableau alarmant : « Chaque fois que je vais sur terrain, je vois des organisations qui ont du mal à continuer la provision des services de santé et d’eau potable ». Son constat, livré dans un entretien exclusif, résonne comme un cri d’alarme pour les déplacés internes RDC dont le nombre atteint désormais 7 millions d’âmes.
Comment nourrir 28 millions de personnes en insécurité alimentaire Congo quand les camions du Programme Alimentaire Mondial restent à quai ? La réponse tient en un mot : financement. La décision des États-Unis de suspendre leurs contributions via l’USAID a provoqué un séisme dans l’aide internationale. « La principale difficulté étant la question de financement », insiste Lemarquis, soulignant que de nombreux programmes vitaux sont aujourd’hui paralysés. Cette financement humanitaire suspendu crée une onde de choc dans les provinces de l’Est, où des familles entières survivent avec un seul repas par jour.
Les conséquences sont palpables dans les camps de déplacés où le taux de malnutrition infantile dépasse les seuils d’urgence. À Bunia, une mère de six enfants confie : « Les distributions de farine ont cessé depuis trois semaines. Mes jumeaux de deux ans ne tiennent plus debout ». Ces témoignages illustrent l’urgence d’une crise humanitaire RDC sans précédent. Pourtant, les humanitaires tentent de maintenir coûte que coûte leurs opérations, comme le prouvent les récentes distributions du PAM en Ituri. Mais jusqu’à quand pourront-ils tenir sans fonds suffisants ?
Face à cette hémorragie, Bruno Lemarquis place ses espoirs dans les pourparlers de paix. « La meilleure façon de réduire les besoins humanitaires est que les armes se taisent », affirme-t-il, soutenant les initiatives de Doha, Washington et l’Union Africaine. Ce plaidoyer pour le processus de paix DRC résonne comme une évidence : comment reconstruire quand les balles sifflent encore ? Le retour à la paix permettrait aux paysans de regagner leurs champs, aux enfants de retrouver le chemin de l’école, brisant enfin le cycle infernal des déplacements massifs.
L’urgence est double : sauver des vies aujourd’hui tout en bâtissant la paix de demain. Car derrière les chiffres astronomiques – 7 millions de déracinés, 28 millions d’affamés – se cache une vérité crue : sans solution politique durable et sans financements immédiats, toute une génération risque de sombrer. Les humanitaires peuvent-ils colmater les brèches d’un barrage qui menace de céder ? La communauté internationale réalisera-t-elle à temps que l’abandon de la RDC aurait des conséquences régionales dévastatrices ? L’heure n’est plus aux constats, mais à l’action salvatrice.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net